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Gilets jaunes : et maintenant ?

"On est en stress permanent pour les thunes, c'est pour ça que je suis là." Rapporté par Le Parisien, ce propos d'Emilien résume bien la première source de mécontentement de ce mouvement des Gilets jaunes. La question du pouvoir d'achat est au centre de la colère qui s'exprime depuis près d'un mois dans tout le pays. Il y a trop de gens qui vivent avec un Smic ou 80 % de celui-ci (pour cause de temps partiel subi) et qui ne s'en sortent plus. Ces gens-là n'ont pas d'alternative pour rouler moins, de jardin ou de système D pour consommer à moindre coût. Ils sont dans une tenaille et sont de plus en plus pris au piège. "Vivre, pas survivre", a-t-on pu entendre dans les cortèges.

A ce titre, le refus du gouvernement de donner un coup de pouce au salaire minimum 8 démbre Smic.jpgtraduit un aveuglement vis-à-vis de la situation du peuple. La plupart des entreprises qui bénéficient du très généreux Cice avaient les marges de manoeuvre pour payer un peu mieux leurs salariés les moins bien lotis. Encore une occasion ratée de la Macronie !

Le mouvement des Gilets jaunes ne peut se résumer à cela. Par-delà la question des moyens de vivre est posée celle des raisons de vivre. Que vaut une vie si on a du mal à subvenir à ses besoins et ceux de ses proches ? Si on ajoute ce sentiment largement partagé que le système politique est monopolisé par une caste des gens bien nés ou en tout cas bien arrivés, on comprend que la situation est explosive.

Un élément a pesé dans l'accroissement du fossé entre les élus et le peuple : la grande majorité des députés de la République en marche sont des consultants, des hauts-fonctionnaires ou des cadres dirigeants, autant de personnes qui ne connaissent absolument pas le quotidien des concitoyens. La plupart, en outre, n'ont jamais de mandat d'élu qui oblige à connaître un tant soit peu le quotidien des administrés.

Comment fonctionne notre démocratie ? Quels sont les intérêts représentés dans telle ou telle décision (l'intérêt général paraît généralement une chimère) ? Comment contester de façon pacifique une orientation ? Que faire quand un responsable trahit ses engagements ? Ces questions doivent être au centre des réflexions. Emmanuel Macron serait bien inspiré à lancer un vrai processus de discussion dans le pays sur les questions du référendum d'initiative populaire, de contrôle de l'exécutif, de revalorisation du Parlement. En un mot, la question qui est posée est celle de la démocratisation de notre République.

8 décembre fleurs.jpgAu lendemain de ce 4e samedi de mobilisation des Gilets jaunes (sans oublier que ce fut aussi celui de la mobilisation sur le climat), le pouvoir, s'il veut le rester, a intérêt à rebondir et à faire des propositions concrètes sur ces deux chantiers : le pouvoir de vivre et le pouvoir de décider. Sinon, la fin d'année - avec la période des fêtes qui doit être celle de la paix des coeurs - risque d'être particulièrement agitée et déchirante...

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