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  • Pourquoi Emmanuel Macron dégringole

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    En juillet 2017, quelques semaines après l'élection d'Emmanuel Macron, j'écrivais sur mon blog à propos de la réussite du projet présidentiel : "Mon hypothèse est que malgré son énergie et sa bonne volonté, le Président va rester au milieu du gué et décevoir encore et toujours." Un an après, nous sommes totalement dans ce scénario avec un président qui a une cote de désamour record. Et pourtant, s'il est chef de l'Etat qui a été choyé par les grands médias, c'est bien lui. Alors que s'est-il passé ?

    Il y a eu, semble-t-il, une méprise sur la personnalité d'Emmanuel Macron. Sa jeunesse était associée à une volonté de revoir le fonctionnement de la 5e République. On pouvait penser que sa capacité à intéresser de nouveaux citoyens à la chose politique via le mouvement En marche allait l'amener à insuffler de la démocratie directe, de la participation et de la simplicité. Au contraire, on a découvert depuis quinze mois un monarque soucieux d'accentuer la verticalité du pouvoir. Le redémarrage des chasses présidentielles est un signe de cette volonté d'asseoir son pouvoir.

    L'Elysée a encore gagné en influence sur des ministres bien souvent  inexpérimentés. Comme Macron se réclamait de l'héritage de Michel Rocard, on pouvait penser qu'il allait miser sur les territoires et réaffirmer l'enjeu de la décentralisation. Il n'en a rien été, au contraire : les coupes sombres dans les budgets des collectivités ont affaibli le pouvoir d'agir de celles-ci.

    Tout ne se résume pas à la personnalité d'Emmanuel Macron. Il faut aussi regarder son programme et sa mise en oeuvre. Reconnaissons que beaucoup de mesures avaient été annoncées pendant la campagne. Pourtant, le candidat avait annoncé une politique en même temps de gauche et en même temps de droite. Ce qui supposait un équilibre dans la politique suivie. De ce point de vue, le compte n'y est absolument pas. Bercy aux mains d'anciens responsables des Républicains (Bruno Le Maire et Gérald Darmanin) a mené tambour battant des réformes libérales : il a fallu quelques semaines pour faire voter une libéralisation du travail alors qu'on a dû attendre 15 mois pour découvrir un plan anti-pauvreté doté d'un financement très mesuré au regard des réductions fiscales accordées aux plus riches. De même, le travail remarquable fait par Jean-Louis Borloo sur les quartiers en difficulté a été négligé par l'exécutif.

    Et puis, il y a le départ de Nicolas Hulot. Par-delà les éléments personnels, cette décision traduit une incapacité du pouvoir à réorienter la politique dans une direction écologique. Dans l'esprit d'Emmanuel Macron, il suffisait de prendre quelques mesures symboliques pour remplir la mission alors que ce sont toutes les décisions économiques et sociétales qu'il faut reconsidérer. C'est un profond changement de matrice dont la France a besoin. Le président, produit (brillant) d'une technocratie à la française, est incapable intellectuellement de penser cette mutation.

    Depuis quelques semaines, on a le sentiment d'une fuite en avant du pouvoir. Les "copains" sont mis à tous les postes de pouvoir : François de Rugy à l'écologie et Richard Ferrand au perchoir. L'affaire Benalla révèle un sentiment de toute puissance de certains conseillers élyséens. Aucun cap clair n'est fixé par un Premier ministre totalement transparent. Et l'absence de résultats de la stratégie économique dite du ruissellement va immanquablement remettre sur le tapis la pertinence de cette politique.


    Reste une interrogation : Emmanuel Macron a-t-il la lucidité et le courage de rectifier le tir en rééquilibrant sa politique et en faisant le pari de la compétence au lieu du copinage ? Le mois d'octobre sera, à cet égard, déterminant.