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  • Un homme providentiel peut-il nous sauver ?

    Il est partout présent, comme s'il avait un don d'ubiquité. il s'exprime sur beaucoup de sujets souvent en lieu et place d'Edouard Philippe dont l'autorité reste faible. Il a imposé sur son énorme groupe parlementaire une discipline de fer qui fait penser à ces députés godillot sous de Gaulle. Ce "Il", tout le monde i'a reconnu, c'est Emmanuel Macron.

    Son dynamisme, sa réactivité et sa maîtrise des réseaux de communication (pensez aux dizaines de une des grands news) et sa jeunesse (dans un pays habitué à élire des sexagénaires)... c'est beaucoup d'atouts pour un homme que d'aucuns - sur lesquels le soleil a tapé un peu fort - comparent à Jupiter.

    Gardons raison et essayons de répondre à la question essentielle : Macron est-il en mesure de respecter ses engagements et faire accepter des mesures qui risquent d'être pour certaines impopulaires ? Mon hypothèse est que malgré son énergie et sa bonne volonté, le Président va rester au milieu du gué et décevoir encore et toujours.

    Trois faiblesses peuvent être relevées. D'une part, le président s'appuie sur un mouvement totalement novice où l'on retrouve le meilleur comme le pire. Il dispose d'une armée de fantassins prêts à montrer au front, mais pas de généraux capables de définir une stratégie. Plus que sous Hollande encore, tout va se décider à l'Elysée qui, comme habitude, va se couper progressivement du pays.

    L'autre raison est liée à son programme qui, par certains côtés, ne tient pas la route dans le cadre budgétaire européen défendu par Macron. Déjà on parle de différer telle ou telle mesure fiscale ou de remettre à plus tard certaines réformes. Cela ne veut pas dire qu'elles ne se feront pas, mais dans la difficulté, avec le risque de semaines de paralysie du pays. Cela va supposer pour Emmanuel Macron un mélange d'écoute et de capacité de décision sans trop cliver. 

    Après cette floppée de rencontres diplomatiques, Emmanuel Macron va devoir mettre les mains dans le cambouis. Et sérieusement. La loi dite travail, même négociée (jeu de dupes ou réalité ?) risque de diviser sérieusement le pays avec ce projet très pro-Medef. Est-ce le meilleur moyen de rassembler le pays ?

    La troisième faiblesse est liée au fait qu'Emmanuel Macron mise tout sur son aura, sur ce lien curieux qu'il a constitué avec les Français. Il sait que le bateau va tanguer mais il pense que ses mots, ses gestes, son autorité. vont permettre de maintenir ce lien de confiance. C'est risqué sur ceux niveaux.   

    D'une part, le modèle gaullien dont Macron s'inspire ne parle plus à grand monde presque 50 ans après sa mort. Cette solennité qui était recherchée après les errements de Hollande, ne peut être de mise à chaque intervention. Incontestablement, Macron veut parler au-dessus (des partis, des syndicats) dans une relation directe au peuple. Le risque qu'il prend, outre une impopularité rapide, c'est de pas entraîner les Français sur sa politique. 

    il va devoir choisir entre deux attitudes : soit camper le Gaulle des années 2020 avec un discours sur l'homme providentiel, soit mobiliser le pays autour de grands objectifs (inégalités, rural profond, développement des quartiers populaires, démembrement de réacteurs nucléaires, etc.). Les habitants ne peuvent s'emparer des enjeux que s'ils sentent une envie claire du pouvoir central d'y aller et des marges de manœuvre pour expérimenter et imaginer des solutions, notamment sur l'emploi. Le débat sur la loi qui se prépare risque de ne rien dire des solutions nouvelles pour créer partager le travail. Encore une occasion (qui risque d'être) ratée.