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Comment faire face à la guerre des marchés?

Revenons aux choses sérieuses. Ces dernières semaines, avec les rumeurs sur la santé du couple Sarkozy, la surenchère du pouvoir sur l'interdiction de la burqa, sans oublier l'épisode tragico-comique autour du « polygame de Nantes », la France s'est bien « amusée ». Finie la diversion, la dure réalité est là: la zone euro est menacée d'un danger mortel suite à la crise grecque (non réglée à ce jour) et la spirale dépressive sur lesmanif Grèce.jpg marchés européens. Ajoutez à cela, la colère populaire face aux solutions de sortie de crise. En effet, la potion imposée par les Européens - en particulier les Allemands - aux pauvres Grecs risque non seulement d'enfoncer le pays dans la récession, mais de créer une situation quasi-insurrectionnelle dans un pays affecté voici deux ans par de graves émeutes de la jeunesse. Les Hellènes auront bien du mal à comprendre pourquoi les responsables du camouflage de l'état catastrophique des finances ne sont pas inquiétés et pourquoi les « partenaires » européens qui les ont traité de tous les noms (« fainéants », « incapables », etc.) font payer une potion aussi amère à un peuple qui a subi cette impéritie économique.

Le risque de contagion est réel dans tout l'espace euro et il n'est pas dit que notre pays qui se croit toujours protégé du pire, échappera longtemps à la bourrasque monétaire. Voici peu, des esprits savants dont on a du mal à savoir s'ils croient en ce qu'ils disent ou s'ils nous intoxiquent consciemment nous expliquaient que la crise était derrière nous et que la sacrosainte reprise interviendrait courant 2010. Non seulement cette perspective semble écartée, au moins pour cette année, mais la crise économico-financière pourrait avoir des conséquences beaucoup plus lourdes pour le Vieux Continent qu'elle n'en eut pour le Nouveau Monde.

Tout le monde s'agite beaucoup, bien qu'avec retard, autour du plan de sauvetage de la Grèce, mais la question de fond qui est posée est de plus grande ampleur: comment reconstruire une économie qui s'appuie sur la création de richesses utiles et écolo-compatibles et non sur les humeurs de quelques dizaines de milliers de spécialistes de la finance internationale (traders, agence de notation, banquiers d'affaire...)? Comment les politiques, tout juste bons à agiter leurs petits bras et à faire des discours ronflants, peuvent-ils un tant soit peu réguler un système qui leur échappe totalement? On ne peut pas trouver aucune solution durable si les pays ne se mettent pas autour de la table pour trouver des règles qui s'imposent à tous, si on n'accouche pas d'un nouveau Bretton Woods, comme après la Seconde guerre mondiale.

Il faut retrouver de la raison dans un champ économique où n'existent que rumeurs, spéculations et cupidité. Pour retrouver le sens des réalités et des solidarités, une gouvernance mondiale est indispensable. Cela ne peut pas être assuré par les banquiers du FMI dont la responsabilité est déjà lourde pour avoir appliqué à la lettre la doxa libérale sur la reprise par la purge. Il est tout de même frappant d'observer qu'à la moindre crise régionale dans le monde, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit, débouchant parfois sur des résolutions importantes, alors que depuis le début de la crise voici presque deux ans, deux réunions du G20 ont été organisées débouchant sur de vagues résolutions, mais pas sur la création de règles contraignantes d'harmonisation économique. Sans évolution majeure dans les règles du jeu économique mondial, on va vers des catastrophes majeures, en Europe mais aussi au Japon et bien sûr aux Etats-Unis (deux pays sur-endettés). Mais voilà, les Etats ne veulent pas se dessaisir d'un pouvoir qu'ils n'ont plus depuis belle lurette, histoire de sauver la face. Ou alors, hypothèse plus cynique, ils sont trop liés aux milieux financiers pour engager une guerre contre eux.Merkel, Sarko.jpg

En l'absence de grand chantier mondial, les Européens vont continuer à jouer les pompiers pour des économies en naufrage cherchant à emprunter sur les marchés internationaux à des taux extravagants pour sauver ce qui peut l'être. Après la Grèce, à qui le tour?

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