La révolution rénovatrice serait-elle en marche au PS? On pourrait répondre positivement au vu du résultat du référendum interne, net et sans bavure. En effet, sur les deux questions principales (concernant le non-cumul des mandats et l'organisation d'une primaire avant la présidentielle), plus de deux adhérents sur trois – en tout cas sur la petite moitié qui s'est déplacée - ont signifié leur adhésion. Ce n'est pas rien pour un parti qui a pris la fâcheuse habitude de se diviser et d'avoir des résultats tellement étriqués qu'ils donnent lieu aux soupçons et à la contestation. Martine Aubry aurait tort de bouder son plaisir: pour la première fois depuis son arrivée - contestée - à la tête du parti, le PS fait parler autrement de lui que pour ses échecs électoraux (aux européennes notamment) ou pour ses prises de bec et autres échanges de noms d'oiseaux.
Mais pour passer de la promesse à la réalité de la rénovation, le PS va devoir faire sa propre révolution interne. Et cela ne va pas être du gâteau tellement le contexte est difficile pour le principal parti d'opposition. Toute promesse supposant des gestes, il faudra surveiller de très près tout ce qui pourrait annoncer que la révolution rénovatrice est en marche. Voici quelques signes qui pourraient être encourageants.
1/ Le vote des militants doit être pleinement respecté. Cela paraît évident, mais comme pour une loi avec ses décrets d'application, la façon dont les décisions vont être mises en oeuvre importe beaucoup. En 2010, va-t-on élire des conseillers régionaux cumulards comme si de rien n'était? Si oui, cela annihilerait le signe positif du référendum. La primaire ouverte pour désigner le candidat socialiste le sera-t-elle vraiment ou mettra-t-on de telles barrières (en nombre de supporters, de membres du conseil national) que seront habilités à concourir les mêmes membres de la gentry socialiste? Comment mettra-t-on en oeuvre la diversification des candidats en fonction des origines « ethniques » et sociologiques? S'il s'agit de reprendre les bonnes vieilles méthodes de parachutage et de prime aux « jolis minois », le succès électoral ne sera pas au rendez-vous et l'ouverture du monde politique, non plus.
2/ Les élus doivent être exemplaires. Les députés-maires, les sénateurs-présidents de conseil général ont, en général, le même discours: « socialistes, on est évidemment pour le partage du pouvoir, mais bon, vous comprenez, sans moi, la circonscription est perdue et puis, pourquoi ferait-on ce que la droite n'ose pas entreprendre »... Eh bien, disons-le franchement, ce raisonnement n'est plus audible dans l'opinion publique qui ne peut plus supporter le double discours, le « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ». Les élus socialistes n'ont pas simplement le devoir de bonne gestion et de respect des engagements pris devant les électeurs, ils doivent avoir des pratiques exemplaires. Exercice pratique: lors des prochaines régionales, tous les présidents socialistes (à l'exception notable de Georges Frêche) seront-ils réinvestis? Certains, comme Jean-Paul Huchon en Ile-de-France ou Michel Vauzelle, en PACA, entendent rempiler pour un troisième mandat (celui-ci étant souvent synonyme d'échec). Face à cela, la droite présentera des têtes de liste (pour partie) renouvelés et les Verts s'affairent pour présenter des candidats attrayants. A cet égard, le résultat de la législative partielle dans les Yvelines, fin septembre, devrait interroger les socialistes : pour la première fois depuis longtemps, une candidate écolo a devancé un socialiste au premier tour avant de rassembler très largement au second au-delà de la gauche (dans une circonscription très à droite). Si le PS ne renouvelle pas profondément son personnel régional, il va au devant de sérieuses déconvenues.
3/ Les socialistes doivent se réconcilier. Complètement engoncés dans leurs calculs à la petite semaine, les leaders ne se rendent pas compte des dégâts considérables que font sur les citoyens leurs petites querelles et leurs haines ordinaires. Ségolène Royal avait raison de dire que les socialistes doivent s'aimer ou disparaître. On peut discuter du terme « aimer » appliqué à la politique, mais pas de la conclusion. Si les haines recuites héritées parfois du congrès de Rennes (1989) ne s'éteignent pas, aucune rénovation ne sera possible dans le désormais vieux parti d'Epinay.