Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

En direct chez les supporters de Sarkozy

Après des semaines et des semaines de suivi et d'analyses de la campagne présidentielle, comment et où passer la soirée électorale ? Y'a l'option téloche avec pizza et bière, pour commenter avec les potes les résultats. Pas mal, mais pas très original. Et pourquoi pas aller sur place et voir comment les militants réagissent à l'annonce des résultats. Décision est prise de faire la tournée des camps politiques. Je ne pars pas seul puisque m'accompagnent mon fils qui a voté pour la première fois (à gauche) et un vieux copain, militant écolo et électeur d'Eva Joly .

Mutualité Sarko.jpgDirection d'abord la Mutualité dans le quartier latin (1). La « Mutu » n'est plus le repère de la gauche, comme ce fut le cas pendant des décennies. Première mission : rentrer dans le bunker pris d'assaut par des centaines de militants UMP et surveillé comme un sommet intrenational. La carte de presse, finalement, constitue un sésame précieux. On entre donc dans ce palais et on trouve difficilement une place dans les tribunes du haut, là où il fait une chaleur proche d'un hammam.

De part et d'autre de la scène géante, deux écrans télé. L'un branché sur TF1, l'autre sur France 2. Le premier a nettement plus les faveurs des spectateurs-supporters. Tout simplement parce que la chaîne privée annonce un écart d'un peu plus d'un point (elle est d'ailleurs la plus proche du résultat final qui indiquera tard dans la nuit 1,5 point de plus pour François Hollande) alors que la « publique » parie sur trois points de retard du président sortant. Un électeur UMP nous confie qu'il est plutôt content que Marine Le Pen fasse près de 20 % (finalement, ce sera 18 %) parce qu'il y voit une grosse réserve de voix pour son chouchou qui en manque tant.

Dans la salle, c'est du délire. Le public siffle à tout va quand un leader de gauche apparaît. La palme de la bronca va à Ségolène Royal qui fut le premier adversaire de Nicolas Sarkozy. Mais Douste-Blazy qui a rejoint François Bayrou, reçoit également un accueil sympathique. A tue-tête, les supporters crient un très optimiste « On va gagner » suivi d'un géographique « Hollande en Corrèze, Sarko à l'Elysée ». Enfin, ici, on ne l'appelle pas Sarkozy, mais Nicolas. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes !

Quand Marine Le Pen apparaît à l'écran, on sent une grande attention du public qui sait que son attitude sera déterminante pour améliorer le report des voix vers le candidat UMP (qui selon les sondages du soir, était de 2/3 pour Sarko, 1/3 vers Hollande). Son intervention suscite tout de même quelques sifflets, mais beaucoup moins que pour Ségolène Royal. Tout de façon, son discours est rapidement coupé par une interrution de son tout à fait opportune. Le son revient pour l'intervention de François Fillon qu'on voit d'abord sur l'écran puis 10 minutes plus tard à la Mutu. Pour être aussi rapide, son chauffeur n'a pas dû respecter les limitations de vitesse...

C'est un défilé gouvernemental à la Mutualité : Bruno Le Maire, Claude Guéant, Roselyne Bachelot, Gérard Longuet (qui de loin ressemble vraiment à Bertrand Delanoë). MêMutualité Copé.jpgme Michèle Aliot-Marie est de retour, suivi par son POM (Patrick Ollier) de mari. Le patron de l'UMP Jean-François Copé, le « grand ami » du Premier ministre, prend la parole depuis la salle, sans monter sur la tribune, et harangue la foule. Il loue « le projet solide » du sortant, parle de « campagne extraordinaire » et conclut par un solennel « L'avenir de la France est en jeu ». Délire dans la salle !

Quand François Hollande s'exprime depuis son fief corrézien (il y a fait plus de 40 % alors que dans les Hauts-de-Seine, Sarko est talonné par le candidat socialiste), difficile de suivre son propos. C'est la bronca et les dizaines de « Menteurs » qui sont lancés un peu partout. De toute façon, là encore, un problème technique intervient. Tous les regards se tournent vers Alain Juppé qui fait une entrée triomphale à la « Mutu ». Les militants ne sont pas rancuniers ou alors complètement amnésique car l'actuel ministre des Affaires étrangères n'a pas ménagé ses critiques pendant au moins deux ans.

Toujours pas de Nicolas Sarkozy en vue dont on nous annonce pourtant l'arrivée imminente. Alors, on fait un peu connaissance A côte de nous, une jeune femme beaucoup moins BCBG que la moyenne des jeunes (qui sont en nombre assez limité). Ici, la veste est de rigueur (pas de cravate, tout de même, c'est la fête...) et les filles ne sont pas débraillées. Notre voisine est, comme nous, une intruse : elle a voté François Hollande. Elle accompagne son papa et sa soeur plus jeune, tous deux électeurs UMP. « Vous comprenez, je travaille dans l'enseignement et la recherche en mathématique. Après ce que Sarko nous fait, il n'est pas possible de voter Sarkozy ». Une discusion s'engage avec la soeurette, électrice de Nicolas Sarkozy, mais qui est loin d'être une passionnaria. Il y est question notamment d'écologie (elle regrette que Nicolas Hulot n'ait pas été candidat)..

21h45. Arrêtons de causer. La star de la Mutu arrive dans une vacarme indescriptible. « Nicolas, Nicolas ». Une nuée de drapeaux tricolores (qui avaient été distribués juste avant Mutualité interv sarko.jpgpar le service de campagne) envahit notre champ de vision. Cette fois-ci, le son est maximal. Le regard grave, aucun signe d'euphorie sur le visage, le candidat sortant déroule un discours impeccable où il fait clairement un appel du pied à la leader frontiste en insistant sur l'immigration et la sécurité. Mais il en appelle aussi au rassemblement le plus large en se voulant social: « Les angoisses, les souffrances des Français, je les connais...). Il sort alors sa carte magique en exigeant l'organisation de trois débats (voici quelques jours, c'était deux...). « Les Français ont le droit à la vérité et à la clarté », s'écrit-il. Et le candidat crédité de 27 % de conclure en réaffirmant son « amour de la patrie ». Dans les minutes qui suivent son intervention courte (pas plus de 10 minutes), la salle de Mutualité se vide rapidement.

Dans un café proche de la Mutu, les clients qui présentent une allure vraiment différente de la sage, bine que survoltée, assemblée UMP, commentent, pas toujours dans la finesse, les commentaires de TF1. Notre ami Pernaut est parti à Louviers (le fief de Pierre Mendès-France) à la rencontre des vrais Français. Quand le reporter parle du rassemblement UMP qui s'achève, il raconte que « les militants sont maintenant dispersés dans la rue ». Un client du bar s'approche de la porte, incrédule, et s'exclame : « Eh bien, y'a personne ».

 

  1. La tournée continuera rue Solférino au siège du PS. Mais là, la pluie aidant, vers 23 heures, la fête est terminée. Ne reste plus qu'une poignée de militants et de responsables socialistes, ainsi qu'une cohorte de journalistes, dont beaucoup de correspondants de la presse étrangère.

     

    Retour sur mes pronostics (voir ci-dessous)

    Difficile de s'auto-évaluer, mais je me mets la note de 12/20. La moyenne est assurée car j'ai indiqué le bon ordre des candidats (alors que beaucoup voyaient Mélenchon devancer Le Pen). J'ai gagné quelques points en indiquant un écart de deux points entre Hollande et Sarko (il est d'un point et demi) et en évaluant Bayrou à son niveau (9 %). Par contre, et cela me fait perdre l'espoir d'avoir les félicitations du jury, j'ai un peu sous-évalué Hollande et Sarko (que je voyais à 27 et 25 %) et surtout j'ai sur-évalué la performance du leader de Front de gauche que j'avais pronostiqué à un niveau élevé (16 %). J'ai été, comme beaucoup, intoxiqué par les sondages qui le mettait à un niveau élevé (entre 14 et 16 %).

Commentaires

  • besoin de verifier:)

  • Je vous complimente pour votre recherche. c'est un vrai boulot d'écriture. Poursuivez .

  • Je vous approuve pour votre article. c'est un vrai exercice d'écriture. Poursuivez .

Les commentaires sont fermés.