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yves calvi

  • Européennes : un débat pour rien?

    Lundi 25 mai, la deuxième partie de Mots croisés (France 2) portait sur l'élection européenne du 6 juin. Il était déjà 23h15 quand on est passé à ce débat (après une première partie consacrée à la violence scolaire). J'imagine que l'ouvrier, le paysan ou le commerçant qui se lève à 6 heures le lendemain matin a déjà rejoint depuis bien longtemps les bras de Morphée. Mais enfin, ne boudons pas notre plaisir: pour une fois que la télé s'intéresse à un scrutin pas vraiment sexy...

    Sur le plateau, outre quelques spécialistes comme Jean Quatremer (correspondant de Libération à Bruxelles) ou Alexandre Adler, quatre têtes de listes pour la région Ile-de-France. Attention, vous n'étiez pas sur France 3 Ile-de-France, mais bien sur une chaîne nationale. Les électeurs de PACA ou du Limousin pouvaient aller dormir sur leurs deux oreilles: ce n'était pas pour eux! Enfin si puisque les listes régionales sont en fait des émanations des appareils parisiens. La réforme voulue par Lionel Jospin et votée par Jean-Pierre Raffarin n'a absolument régionalisé le scrutin puisque – et ce n'est pas illogique – les programmes se font à l'échelle nationale.mots croisés bis.jpg

    Donc sur le plateau dirigé par un Yves Calvi toujours aussi agaçant (quand apprendra-t-il à écouter ?), Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et de la Pêche et tête de liste UMP (confusion des genres bien française !), Harlem Désir (PS), Marielle de Sarnez (MoDem) et Dany Cohn-Bendit (écologiste). On peut déjà s'étonner du choix de la bande des quatre qui, tous quatre, étaient pour le oui au Traité constitutionnel européen de 2005. Comme l'a rappelé assez justement Nicolas Saint-Aignan, candidat pour Debout la République, les Français ont voté à 55 % contre le TCE et ils n'étaient pas représentés sur le plateau. Un Mélenchon ou un Besancenot auraient apporté un peu de contradiction, et ç'aurait pas été plus mal...

    Le principal enjeu de ce scrutin est la participation. Il n'est pas sûr que le débat de ce lundi convainque des abstentionnistes en puissance de se rendre aux urnes. Dans cette affaire, nos quatre débatteurs n'ont guère convaincu car ils disaient une petite part de la réalité européenne. Michel Barnier était sans doute très sincère quand il dénonçait la fuite en avant vers la dérégulation qu'avait accompagnée voire encouragée l'Europe, mais il oubliait de nous dire ses responsabilités en tant qu'ancien commissaire et surtout il ne nous expliquait pas pourquoi le groupe Parti populaire européen (PPE) auquel l'UMP appartient s'oppose à chaque fois contre toute volonté de protection des salariés. L'actuel ministre ne cachait d'ailleurs pas son agacement quand Harlem Désir lui rappelait ce type de contradiction.

    La tête de liste socialiste nous disait qu'une majorité de gauche au Parlement pouvait éviter le renouvellement de Barroso à la tête de la Commission, mais ne nous disait pas pourquoi des chefs de gouvernement dont le parti est membre du Parti socialiste européen (PSE) soutenait le patron portugais de l'Europe. Est-ce parce que sa faible personnalité ne fait pas beaucoup d'ombre aux chefs d'Etat? Marielle de Sarnez, de son côté, nous refaisait son grand numéro en faveur de son patron adoré, François Bayrou, critiquait les choix européens, mais ne nous expliquait pas pourquoi les députés centristes appartiennent au groupe libéral qui est derrière Barroso.

    Quant à « Dany », il a fait du Dany avec sa bonne humeur frondeuse et son sens de la formule. Il ne nous a tout de même pas éclairé beaucoup sur l'influence réelle du groupe écologiste dans le débat européen. Comment la lutte contre le réchauffement climatiques peut-il réorienter les politiques européennes. On était dans un débat franco-français dont le thème était « la France et l'Europe ».

    Le seul moment d'intérêt a concerné la Turquie. Barnier et de Sarnez nous ont dit pourquoi ils étaient contre son arrivée parmi les 27 alors que Désir (mollement) et Cohn-Bendit (avec fougue) se prononçait pour. Mais on nous expliquait assez justement que de toute façon, cette question ne serait pas posée à ce Parlement, peut-être à celui d'après. Donc, la question turque n'était pas d'actualité et il n'y avait pas de raison d'en faire un sujet de passion.

    Conclusion: au lieu d'écouter Mots croisés, on aurait mieux fait d'en faire (des mots croisés) ou de trouver les bras de Morphée...