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En mai, fais ce qu'il te plait...

 Encore un qui se met à faire un blog... Et en plus, il veut nous parler de politique... Il se prend pour Apathie ou pour July... J'avoue tout: oui, je démarre ce 10 mai un blog essentiellement politique. Pas à la manière de mes brillants confrères qui abordent la vie politique essentiellement sous l'angle des bisbilles internes et des écuries présidentielles. Sauf exception, je n'ai accès qu'à très peu de secrets (y compris d'alcôve puisque cela plait beaucoup) et il y aura donc très peu de scoops à se mettre sous la dent.

Ce qui m'intéresse à travers ce blog, c'est d'explorer très librement la question du désamour vis-à-vis de la politique. Pourquoi cette activité essentielle à la vie d'une démocratie est-elle si mal perçue, si souvent associée au mensonge, à la trahison et à la bassesse? Pourquoi un tel décalage entre les échelons locaux – comme la mairie – perçus positivement et les jeux nationaux qui suscitent, dans le meilleur des cas, haussements d'épaules et ironie?Mitterrand 10 mai.jpg

10 mai... le choix de ce titre n'est pas tombé tout seul. Il renvoie à une date, le 10 mai 1981, qui a marqué, pour moi, mon entrée véritable dans le chaudron politique que je n'ai pas vraiment quitté depuis. Evoluant au début des années 80 dans un milieu très politisé, avec des parents engagés au parti socialiste, j'avais 14 ans quand François Mitterrand a été élu président de la République. « Changer la vie », promettait-il. La mienne a changé le soir même avec une grande fête toute la nuit et la possibilité de sécher les cours au collège le lendemain matin...

De cette époque bénie des dieux politiques, je n'ai pas oublié grand-chose. Ni les gaffes du ministre des Relations extérieures (comme on disait alors), Claude Cheysson. Ni le renvoi du trop audacieux – aux yeux de « nos amis » de la Françafrique – Jean-Pierre Cot. Ni la « parenthèse de la rigueur » et les démissions de Jean-Pierre Chevènement. Je n'ai pas oublié non plus la cérémonie d'investiture au Panthéon – pompeuse mais émouvante -, la bataille de « l'école libre » qui emporta le courageux Alain Savary...

J'aurais tant aimé oublier le naufrage du Rainbow Warrior qui annonça tant d'autres naufrages, moraux, financiers, humains. Comment oublier le suicide de Pierre Bérégovoy, l'ouvrier autodidacte de Gaz de France devenu Premier ministre? L'expérience de la gauche au pouvoir commençait dans la liesse et l'espérance pour se conclure dans le sang et l'odeur de « l'argent qui corrompt » (expression de Mitterrand lui-même).

Quinze ans ont passé depuis le retour de la droite à l'Elysée. Les leçons de cette expérience politique inédite ont-elles été analysées et retenues? Pas sûr à voir le spectacle désolant qu'offre une gauche mollassonne, rabougrie et en panne d'imagination... Les caciques de l'ère Jospin cohabitent avec les jeunes loups à la langue de bois bien affutée. Les premiers font tout pour rater le rendez-vous de 2012; les seconds pensent déjà à 2017 (la présidentielle d'après) en pariant sur une réélection de Sarkozy. En attendant, le « peuple de gauche » comme on disait dans les années 80 se lamente tranquillement mais sûrement.

Ce besoin de gauche, d'inventivité et de renouveau sera une des lignes-force de ce blog qui veut contribuer, évidemment modestement, à redonner corps à la réflexion politique. La question du leadership – qui obsède tant mes chers confrères et tant de responsables politiques – me semble prématurée: la gauche souffre davantage d'une colonne vertébrale défaillante et d'organes vitaux affaiblis que d'une absence de tête. Alors place aux libres réflexions qui donneront à de libres réactions (tout cela sans invective ni simplisme si possible...).

En mai (et le reste du temps), fais ce qu'il te plait pour que la gauche se porte un peu mieux.

Commentaires

  • Super mais tu oublie que le 10 mai? C'est la sainte Solange
    Bisou

  • Pourquoi le désamour de la politique ? Ca, c'est une vraie question. Vite répondu :
    A mon avis : parce que les gens sentent, voient qu'une bonne partie de leurs prblèmes de vie (chômage, pouvoir d'achat par ex.) ne peuvvent se régler au niveau national, donc pensent que leurs hommes politiques sont impuissants à les traiter ; parce que ceux-ci brouillent les cartes, en faisant porter le chapeau de leurs propres décisions à l'Europe, monstre lointain porteur de tous les maux et sur lequel on ne pourrait rien ; à causse de la vraie gangrène du marketting politique, dont les gens sentent que c'est du baratin, comme la pub pour la lessive X, mais dont les politiques n'osent de se débarasser, de peur de perdre les élections ; à cause de l'inadaptation des schémas classiques de la gauche (productivisme, relance dans un seul pays, pas de sens de l'efficacité économique...) à la situation actuelle...

    Mais il faudrait une page par item pour développer tout ça...,

    Pour en reparler, mon cher Noel,

    Bernard

  • Gauche, droite, gauche, droite, je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression que j'ai affaire à des gens qui marchent au pas. A ce "gauche, droite" j'oppose cet aphorisme de Joseph Delteil : "N'essayez pas de changer le monde, changez de monde".

    le 10 mai, c'était aussi la date anniversaire de la naissance
    de ma mère.

    Cordialement,
    YRV

  • Noël,
    Bravo pour ton blog. Je vais être un peu primaire puisqu'ici on a le droit : la gauche est populaire ou elle n'est pas. Actuellement, UMP est le parti le plus populaire (dans tous les sens du terme, sauf pour sa politique...). La gauche - du PS jusqu'aux extrêmes - se montre très performante pour tout ce qui est symbolique ou secondaire : mémoire moralisante concernant le passé colonial, mariage homosexuel, laïcisme qui était pertinent il y a un demi-siècle, pétitionnisme et rêveries du genre "on va interdire les licenciements"... Tu as parlé de Bérégovoy. Je lui en veux toujours pour son suicide, car c'est des gens comme lui dont on a besoin. Des leaders réalistes qui incarnent une France qui aspire à plus de justice sociale et qui sait que ce n'est pas la peine de demander la lune. En démocratie, il est important que ceux qui nous dirigent sachent combien c'est difficile de vivre avec un smic. Sans offenser ceux qui aiment bien Ségolène Royal, je crois qu'elle ne pourra jamais incarner une France d'en bas ou du milieu.
    Côté Europe, libéralisme et tous ces débats-là, il faudrait déjà se débarrasser des idéologies du XIXe siècle. Dans les banlieues populaires, c'est déjà fait.
    Barack Obama et ses nombreux amis (pourquoi en a-t-il autant, chez les capitalistes et chez les pauvres d'ailleurs ?) a montré le chemin aux Etats-Unis. Je crois que dans cet exemple-là, la gauche française pourrait trouver une source d'inspiration, même s'il ne s'agit pas, en aucun cas, de copier sur les autres.
    Primaire, non ?
    Henrik Lindell

  • "Besoin d'inventivité et de renouveau", tu as plus que raison Noel ! Alors, bravo pour l'initiative de ce blog ! L'inventivité et le renouveau est une affaire forcément collective : il faut tous s'y mettre ! (On ne savait pas que tu faisais de la voile... On espère un jour te croiser en mer pour discuter politique et inventivité !)
    Amicalement, Cécile et Daniel, sur le voilier BASTA
    De blog à blog, voici l'adresse du notre : http://bateaubasta.over-blog.org

  • j'oubliais, parle de l'Europe, c'est important d'avoir le point de vue d'un journaliste politique, le tien
    sol

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