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François Hollande

  • 10 ans de regard sur la politique !

    Le 10 mai 2009, je démarrais ce blog politique baptisé "10 mai". Tout cela n'était pas le fruit d'un hasard de calendrier. Il renvoyait à la date du 10 mai 1981 qui avait vu la victoire historique d'un candidat de gauche à l'élection présidentielle, François Mitterrand. J'avais 14 ans et je croyais, naïvement diront certains, que la politique pouvait changer les choses, qu'on pouvait renverser la table. 

    Les années ont passé et les désillusions sont arrivées. A la quarantaine passée, j'ai donc ouvert ce blog avec la volonté de comprendre les raisons du désamour des Français envers la politique. Entre récit des faits politiques et analyse des phénomènes de fond. Au cours de cette décennie (2009 - 2019), incontestablement, la situation politique a eu tendance à se dégrader comme en attestent la progression de l'abstention et lors de ces derniers mois, la mobilisation des Gilets jaunes.

    "En mai, fais ce qu'il te plait" : dans un texte inaugural du 10 mai 2009, la crise de la gauche était déjà patente deux ans après la victoire éclatante de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. J'écrivais alors : "La gauche souffre davantage d'une colonne vertébrale défaillante et d'organes vitaux affaiblis que d'une absence de tête." Les choses ont-elles profondément changé ?

    Depuis ce texte inaugural, 143 posts (ou articles) ont été rédigés (et une centaine de réactions écrites ont été reçues), sur la vie politique française, de l'extrême gauche à l'extrême droite, mais pas que. J'ai également traité le bilan du pape Benoît XVI, relaté la trame politique de plusieurs films ou bien encore de conflits internationaux (Brésil, Etats-Unis, Tunisie, Côte d'Ivoire, Syrie...). Pour des raisons personnelles, le rythme a été très irrégulier, avec parfois plusieurs textes dans le mois et d'autres fois un espacement de plus de six mois. Retour sur quelques posts de cette dernière décennie.

    Le 13 mai 2009, je donne la parole à Roger-Gérard Schwartzenberg(député radical de gauche et professeur d'université) à l'occasion de la sortie de son livre L'Etat spectacle 2. Interrogé sur le positionnement des citoyens par rapport à cette politique spectacle, il répond : "Ils sont à la fois captivés comme des spectateurs et assez lassés car ils ont moins de moins prise sur les décisions. Plus le programme est flou et incertain, moins le citoyen est en capacité d'intervenir sur les choix politiques". Il revient également sur le décrochage entre les citoyens et les politiques : "Le libéralisme économique qui a imprégné les mentalités pendant deux décennies a encouragé l'hyper-individualisme. Or, la démocratie suppose un sentiment d'appartenance collective."

    En juin 2009, les électeurs sont appelés à renouveler le Parlement européen. Dans un post du 14 juin, j'analyse la composition sociologique des parlementaires français. "Dans un pays où le groupe des ouvriers reste encore numériquement important, aucun élu – pas même à gauche – n'en est issu. On a du mal à trouver des petits employés, des artisans voire des agriculteurs (deux élus: l'Aveyronnais José Bové (EELV) et l'Alsacien Joseph Daul (UMP) qui dirigeait dans la précédente mandature le groupe du parti populaire européen) alors même que la Politique agricole commune reste un budget majeur. En revanche, vous retrouvez pléthore d'enseignants, de médecins et, plus curieux, au moins sept journalistes ou patrons de presse (dont Dominique Baudis, Jean-Marie Cavada, Jean-François Kahn, Patrick Le Hyaric)." 

    Philippe Séguin, l'éternel grognard de la droite française, casse sa pipe début 2010. Pour lui rendre hommage, j'établis une comparaison avec Michel Rocard : "Franc-tireur, attaché au rôle de l'Etat, anticonformiste, souvent individualiste... Philippe Séguin s'est heurté à la quête effrénée du pouvoir portée par un Chirac, comme Rocard l'avait été de la part de Mitterrand. Tous deux ont été incompris de leur parti, souvent ostracisés. Ils avaient l'étoffe pour assumer le pouvoir élyséen, mais d'une certaine manière, ils n'étaient pas fait pour la fonction quasi-royale de Président de la République qui s'accommode mal avec la liberté de penser.

    Au printemps 2010, place aux élections régionales ! Elles sont marquées par une augmentation de l'abstention de 15 points. J'estime que la stratégie de Nicolas Sarkozy est pour quelque chose dans cette situation. "Tout est réversible chez lui, tout jugement sur sa politique peut être contesté. C'est un libéral convaincu. Oui, mais il tonne contre les bonus accordé aux traders et entend réguler le système financier mondial (comment, on l'ignore). Il flatte l'électorat du Front national (qui le lui rend mal). Oui, mais il dit vouloir s'attaquer aux discriminations visant les Français dont la peau est moins blanche que Gérard Longuet."

    En juin 2010, je titre "Les musulmans pris en sandwich". Je m'interroge sur la polarisation autour de l'expression des musulmans, qui seraient au fond responsables des maux français. "On pourrait se demander si la polarisation sur la femme musulmane victime aussi bien là-bas (en Algérie, en Afghanistan, etc) qu'ici n'est pas un moyen d'évacuer la profondeur des inégalités hommes-femmes dans l'entreprise, la vie culturelle ou médiatique (combien de femmes PDG de journaux, de radios ou de chaînes de télé?) et bien sûr en politique. Le niqab qu'une loi française entend éradiquer sur notre hexagone n'est évidemment pas le signe d'un affranchissement de la femme, mais qui peut croire que son éventuelle extinction serait une bonne nouvelle pour les millions de femmes qui élèvent seules leurs enfants, se débrouillant avec des salaires de misères et des horaires de bagnards ?" 

    Au bout de trois ans de présidence Sarkozy, l'ambiance dans le pays est étouffante. "Cela va (vraiment) mal finir", écris-je en juin 2010, en référence à un livre coup de poing de l'ancien ministre François Léotard (Ça va mal finir, 2008). Celui-ci, écrivais-je, "trouvait des mots justes pour décrire cette dégradation générale du climat, cette banalisation de tout (de la fonction présidentielle, de l'honneur, du rapport éthique avec les deniers publics...). Il annonçait le règne des fausses valeurs et de la médiocrité ambiante. Nous y voilà donc." En conclusion, j'ajoutais : "En tout cas, dans ce marais nauséabond, il est une responsable politique qui doit se frotter les mains. Elle porte le patronyme de Le Pen et le prénom de Marine..."

    En septembre 2010, j'explique pourquoi Sarko n'a pas encore perdu la présidentielle de 2012. La gauche est confrontée à trois incertitudes : des primaires qui peuvent être sanglantes au vu des haines personnelles ; le flou des propositions et la question des alliances. Et je conclut : "Les conditions sont potentiellement réunies pour éviter un troisième échec successif de la gauche à la présidentielle. Celle-ci a la responsabilité historique de ne pas les gâcher."

    En novembre 2010, je me réjouis de la première victoire des anti-corruption qui traquent "l'argent mal-acquis" de plusieurs dictateurs africains. "En validant la possibilité pour Transparency International de se constituer partie civile dans cette affaire des biens mal acquis, la Cour de cassation reconnaît le rôle essentiel des ONG dans la dénonciation des malversations des dirigeants du monde. Elle ouvre un champ immense pour l'action citoyenne contre les enrichissements particulièrement éhontés de certains dirigeants des pays pauvres." 

    En janvier 2011, Manuel Valls, fidèle à son rôle de provocateur, remet sur le tapis la question des 35 heures. Rien n'est tabou, il est possible de discuter cette mesure, à condition de faire un pas de côté et de sortir des logiques politiciennes. "La question est de savoir comment être compétitif en travaillant moins que les autres. Il faut donc trouver l'alchimie pour utiliser au mieux les gains de productivité encore importants dans l'économie française, en faire une arme économique et un facteur d'intégration sociale. Car ce qui coûte cher à notre pays, ce n'est pas tellement les 35 heures, mais la désespérance sociale qui ne fait que grandir, les quatre millions de chômeurs et les deux ou trois millions de précaires avec ou sans le RSA."

    En février 2011, je reviens sur la condamnation d'Eric Zemmour après des propos sur les Noirs et les Arabes. Je considère que c'est une erreur de porter ce type de propos devant les tribunaux : il vaut mieux y répondre et décortiquer les erreurs et contre-vérités. "Finalement, cette affaire Zemmour signe une double faillite de notre système politico-médiatique. Celle d'un certain journalisme qui éditorialise à outrance, ne prend plus le temps de se plonger dans les réalités complexes du terrain et se transforme en "causeur" (façon salons savants ou café du commerce). Faillite aussi de l'esprit de raison ou du "progressisme" qui, n'ayant plus la capacité ou la force de convaincre par des arguments, préfère faire juger les différends devant les tribunaux."

    En mars 2011, j'envoie un courrier au ministre de l'intérieur, un certain Claude Guéant. Je réagis à une interview qu'il a donnée au Monde dans lequel il explique : "Les Français ont le sentiment que les flux non-maîtrisés changent leur environnement. Il ne sont pas xénophobes. Cela étant, ils veulent que la France reste la France. Ils veulent que leur mode de vie soit respecté, que la laïcité demeure à la base de notre pacte républicain." Sur mon blog, je réponds à l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy : "La France a toujours été une terre d'immigration, donc elle n'est jamais restée la même tout en étant fidèle à sa tradition d'accueil. J'ai le sentiment que c'est vous, ministre de la République, qui ne souhaitez pas que la France reste fidèle à sa tradition. En l'occurrence, je me sens plus fidèle à la France éternelle, celle qui s'est enrichie depuis des siècles au contact des immigrés." Et je conclus : "J'espère, Monsieur le ministre, qu'après un bizutage un peu inquiétant pour nos valeurs, vous vous ressaisirez et redeviendrez digne de la République qui vous a confié ses pouvoirs."

    En mai 2011, l'affaire DSK saisit tout le pays. Le favori de la primaire que doivent organiser à l'automne les socialistes, tombe dans une affaire supposée d'agression sexuelle. Je reviens sur quelques étonnements : "Dans notre pays qui a la passion de l'égalité (dans les discours du moins), on a suggéré qu'une modeste femme de ménage, a fortiori une immigrée africaine vivant dans un immeuble sordide ne pouvait pas détruire la carrière d'un homme aussi puissant que Dominique Strauss-Kahn si elle n'avait pas été envoyée ou payée par d'autres." Loin d'être isolé, le comportement de DSK renvoie à des abus de pouvoir qui sont le fait de beaucoup de politiques.  

    En août 2011, je m'interroge si "les écolos ne se sont pas tirés une balle dans le pied", en préférant à la candidature Hulot celle d'Eva Joly, la juge franco-norvégienne. "Pour secouer les frilosités hexagonales, écris-je, la posture prophétique – qui n'est pas toujours comprise de prime abord, mais marque les esprits – est préférable à la traditionnelle posture politicienne qui ménage tout le monde. En étant la candidate du plus petit dénominateur commun et la moins encombrante pour l'appareil EELV, Eva Joly prend le risque de ne pas bousculer beaucoup le débat politique."

    En septembre 2011, on assiste à un petit événement politique : la gauche ravit à la droite la majorité au Sénat, chambre éternellement dominée par les forces conservatrices. "Les territoires ont le sentiment d'être complètement abandonnés par le pouvoir central qui a abandonné son rôle d'aménagement – ou de rééquilibrage - du territoire (à travers la fermeture des services publics, notamment des écoles) et en plus d'être malmenés par les préfets qui redécoupent à la hache la carte des intercommunalités."

    En novembre 2011, François Hollande, victorieux à la primaire face à Martine Aubry, dévoile son staff de campagne. "Equipe-choc ou auberge espagnole", titre-je. Et je m'intéresse au choix du directeur de campagne, Pierre Moscovici. "Le plus parisien des députés du Doubs ne manque pas de talent notamment dans les débats, avec un sens de la formule qui fait mouche. Sauf que depuis quinze ans, on cherche en vain une idée originale qu’aurait porté « Mosco ». Sauf que son passage aux affaires européennes a laissé le souvenir davantage d’un dandy que d’un ardent militant de la cause (alors même que la gauche était à la tête de la grande majorité des gouvernements européens)."  

    En février 2012, j'examine les atouts et faiblesses des deux favoris : François Hollande et Nicolas Sarkozy. Sur le premier, je me pose deux questions de fond : "1/ A-t-il un vrai destin à proposer aux Français ?2/ Aura-t-il les moyens de ses ambitions ?" Je cite Michel Rocard, 80 ans, qui explique que les hypothèses de croissance sur lesquelles ont été élaborées les propositions socialistes sont exagérées (ce qui se vérifiera). Quant à Sarkozy, je m'interroge sur les risques de sa stratégie : "La volonté de braconnage de Nicolas Sarkozy sur les terres frontistes est doublement risquée. Elle réinstalle Le Pen au centre du débat en légitimant une partie de ses thèses."

    Le soir du premier tour des présidentielles, en avril 2012, je le passe à la Mutualité au côté des supporters de Sarkozy où je rencontre notamment une électrice de Hollande :  "Vous comprenez, je travaille dans l'enseignement et la recherche en mathématique. Après ce que Sarko nous fait, il n'est pas possible de voter Sarkozy".

    En mai 2012, lors de l'élection de François Hollande, je titre : "Nous ne sommes plus en mai 81". "La relation au nouveau Président de la République n'est absolument pas la même : François Mitterrand était respecté, craint, haï parfois, il se situait (même si c'était fort discutable) dans la lignée des grandes figures de la gauche, de Jaurès à Blum ; François H. a deux « pères » en politique (Jacques Delors et Lionel Jospin), mais ne porte pas en lui, dans ses gênes, cette mystique de la politique". Analysant la carte électorale, je décris deux France antinomiques : "D'un côté, une France tempérée, de tradition radicale-socialiste (le Sud-Ouest) ou démocrate-chrétienne (l'Ouest) où le style mesuré et tout en rondeurs de Hollande a bien fonctionné et où la vie associative est très dense. De l'autre, une France, parfois pauvre, parfois prospère, très inquiète des audaces de François Hollande et des conséquences de l'ouverture des frontières."

    En mai 2012, je publie le témoignage de ma mère, militante socialiste en Mayenne, qui raconte son expérience de tractage dans la population d'un gros bourg. Elle constate la montée d'un électorat frontiste, par exemple lors de la rencontre de cette dame âgée. Ma mère raconte : "A ces questions, elle se trahit. "Est-ce vrai que les étrangers prennent notre travail? ; "Pourquoi certains viennent à la banque alimentaire avec de belles voitures?" ."Il parait que des jeunes viennent deux jours au travail et qu'ils ne reviennent pas."

    Fin août 2012, je note déjà un "malaise sur la planète Hollande". Deux types de malaise sont alors identifiés : "Son obsession à prendre le contre-pied de Sarkozy lasse à la fin car elle ne construit pas une politique." D'autre part, expliquais-je, "chaque récif est négocié souvent avec intelligence, mais cela ne donne pas une lecture claire du dessein présidentiel. Les grands choix dans notre rapport au système de protection social, à l'environnement ou à l'Europe ne sont jamais précisés." 

    En mai 2013, la panne du pouvoir Hollande se confirme. "A la recherche du chemin introuvable", écris-je. "Dans l'âme, François Hollande est resté le premier secrétaire du PS qu'il a été pendant dix ans. Sa volonté de rassembler coûte que coûte, sa peur des féodalités locales le conduisent à chercher en permanence le point d'équilibre, le plus petit dénominateur commun. Il a tendance à se couper des idées nouvelles, des groupes contestataires qui portent en germe des nouvelles façons de voir. Les calculs sont partout alors qu'il faudrait un élan, un enthousiasme."

    En novembre 2013, la colère des bonnets rouges en Bretagne traduit une forme de révolte des  territoires face à Paris. Dernière l'opposition à l'écotaxe, il y a tant d'autres colères qui s'expriment. "A la lumière des échecs et trahisons successifs, au regard de l'impossibilité pour la France de réduire son chômage et de réorienter l'Europe, un sentiment localiste pourrait se développer dans les prochaines années et fragiliser encore l'échelon central. Avec l'idée sous-jacente selon laquelle "on va tous en baver, mais autant compter sur ses propres forces et ne pas attendre grand-chose de Paris !"

    "Triste gauche", écris-je en juin 2014. Et j'aurais pu ajouter "gauche paresseuse". "La paresse intellectuelle fait qu'on continue à penser qu'une croissance à 2 points va revenir ("elle arrive", nous dit incessamment le Président) et qu'ainsi nous allons résoudre la question du chômage. Que fait-on quand la croissance se traîne autour de zéro ? Comment sortir du non-emploi ceux qui s'y sont habitués ? Une fois qu'on a épuisé les maigres outils que sont les emplois d'avenir (pâle resucée des emplois jeunes des années Jospin) et la Banque publique d'investissement, on se tourne vers les bonnes vieilles recettes libérales."

    En janvier 2015, je reviens sur les événements dramatiques de Charlie Hebdo et la réaction impressionnante du peuple français. Par-delà l'hommage aux victimes, des questions doivent être posées. "Comme avec Mohammed Merah voici presque deux ans, les meurtriers des "libres-penseurs" de Charlie Hebdo ont grandi sur le sol national, ont fréquenté les écoles de la République, sont des citoyens français. La haine qu'ils retournent contre les "institutions" de notre République doit nous interroger sur ce qui s'est passé depuis une vingtaine d'années. Qu'est ce qui a été raté ?" Et j'ajoute : "Quel projet collectif proposons-nous aux nouvelles générations ? Quel espoir de progrès peuvent-elles nourrir pour elles et leurs (futurs) enfants ? Qu'est-ce qui peut faire rêver aujourd'hui ? C'est à ces questions que chacun est tenu de répondre, à commencer par ceux qui aspirent à prendre les rênes du pays."

    En mars 2015, nouveau revers de la gauche aux élections locales. Celle qui était majoritaire dans deux tiers des départements ne l'est plus que dans un tiers. Et le Front national continue sa percée malgré son absence de personnalités d'envergure. "Nous en sommes là, trois après (la victoire de Hollande)". J'essaye de proposer des pistes pour ne pas sombrer dans un pessimisme ravageur. "Alors, que faire ? Eviter de désespérer, essayer en tout cas, pour ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Distinguer la critique (nécessaire, vitale) des pratiques politiques de la destruction des (derniers) idéaux. Participer, relayer les dynamiques qui font revivre l'idéal citoyen dans les quartiers et les campagnes, être à l'écoute de tout ceux qui, quittant leur fauteuil devant cette maudite télé innovent et inventent, n'attendant pas tout "d'en haut".

    En juillet 2016, j'écris que Manuel Valls joue un "jeu vraiment dangereux". "A la manière d'un Sarkozy, Manuel Valls cristallise les tensions, met de l'huile sur le feu. Les exemples abondent, par exemple dans la gestion de la loi Travail." Cette volonté de fracturer la gauche pourrait avoir des conséquences graves. "La gauche risque d'être d'être fracturée entre trois composantes : une frange radicale autour de Jean-Luc Mélenchon qui campe une forme de pureté ; une gauche de réformes ambitieuses qui n'a pas peur de l'affrontement avec le patronat ; une gauche blairiste qui veut accompagner, le moins brutalement possible, l'entrée de notre pays dans l'économie mondialisée.La gauche n'aura dès lors aucune chance de reconquérir le pouvoir, chaque bloc représentant entre 10 et 20 % de l'électorat"

    En mars 2017, quelques semaines avant l'élection présidentielle, je titre "De quoi Emmanuel Macron est-il le nom ?" En fin d'article, je réponds à la question initiale : "Il est le nom brillant, insolent et séduisant, du vide politique et de la destruction progressive, depuis une vingtaine d'années, de tout esprit de courage et de vision d'avenir. Voilà pourquoi la marche du jeune Picard pourrait être victorieuse..." 

    A gauche, les deux candidats principaux, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, n'ont de chance de figurer au second tour de l'élection que si l'un s'efface au profit de l'autre. Mais cette tentative était vouée, selon moi, à l'échec. L'Europe est le principal point de divergence entre les deux. "Comment croire qu'un tel clivage au sein de la gauche - qui dure depuis plus de 10 ans - puisse être balayé en deux ou trois semaines ?" Et je m'interroge déjà sur le succès de la candidature du socialiste. "Ne l'oublions pas (on peut le regretter): notre pays qui combine une tradition de centralité et un tempérament rebelle se cherche en permanence un chef, un leader qui parle au moins autant à son cœur qu'à sa raison... Pour le coup, l'ancien rocardien Benoît Hamon serait bien inspiré de ne pas l'oublier."

    Au lendemain de la victoire de Macron, en mai 2017, je m'interroge sur cette "République des experts" qui se prépare. Je note que cette formule attrayante sur le papier présente deux gros risques. Le premier : "Expert ne rime pas toujours avec sens de la discussion et du compromis. Les experts sauront-ils discuter avec les syndicats, les associations et évidemment avec les parlementaires ? N'auront-ils pas tendance à considérer que leurs diplômes et compétences valent bien le mandat électoral." Second risque : "La montée du FN et la crise de confiance du pays tiennent en grande partie à l'écart qui s'est constitué entre les élites et le peuple. La mise au premier plan d'experts pourrait aggraver la crise de confiance"

    Un an après son élection, en septembre 2018, je note que le président de la République dégringole. "On pouvait penser que sa capacité à intéresser de nouveaux citoyens à la chose politique via le mouvement En marche allait l'amener à insuffler de la démocratie directe, de la participation et de la simplicité. Au contraire, on a découvert depuis quinze mois un monarque soucieux d'accentuer la verticalité du pouvoir." Je reviens également sur le départ fracassant du gouvernement de Nicolas Hulot. "C'est un profond changement de matrice dont la France a besoin. Le président, produit (brillant) d'une technocratie à la française, est incapable intellectuellement de penser cette mutation."

    En puis, en novembre 2018, démarre la crise des Gilets jaunes. Au-delà des questions monétaires importantes (taxes, pouvoir d'achat, salaire, etc), c'est bien la question du fonctionnement de notre démocratie qui est posée."Quels sont les intérêts représentés dans telle ou telle décision (l'intérêt général paraît généralement une chimère) ? Comment contester de façon pacifique une orientation ? Que faire quand un responsable trahit ses engagements ? Ces questions doivent être au centre des réflexions. Emmanuel Macron serait bien inspiré à lancer un vrai processus de discussion dans le pays sur les questions du référendum d'initiative populaire, de contrôle de l'exécutif, de revalorisation du Parlement. En un mot, la question qui est posée est celle de la démocratisation de notre République."

     

    En écrivant ce texte, je pense à mon ami Bernard Boudet, en ce moment dans le coma, avec qui j'ai eu tant de discussions passionnées sur la chose politique. Comme quelques autres, il a très souvent pris la peine de réagir à mes articles. 

     

     

  • Le jeu vraiment dangereux de Manuel Valls

    Cette semaine, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Lors d'un meeting de soutien à la politique gouvernementale, un vieux militant du PS s'approche du ministre Stéphane Le Foll (un très proche de François Hollande) et lui tend un panneau : "Valls, démission". Il est immédiatement plaqué au sol par deux membres de la sécurité du PS, sans réaction apparente du ministre.

    Aussi extrême soit-elle, cette image résume la situation de plus en plus inconfortable dans laquelle se trouve la majorité politique (qui l'est de moins en moins). Non seulement elle se retrouve confrontée à un Front national qui, malgré ses contradictions et sa stérilité politique, continue son ancrage dans le pays. Non seulement elle est fortement contestée par les Républicains qui déploie une série de propositions passablement démagogiques, trempés dans le libéralisme pur sucre. Sur l'autre front - la gauche de la gauche -, le pouvoir est vivement contesté dans la rue : malgré les tentatives - pour le moins maladroites - de museler le mouvement, les manifestations n'ont jamais cessé depuis trois mois. Malgré la baisse de leur audience, elles traduisent un sentiment de ras-le-bol du "peuple de gauche" qui va au-delà de la loi Travail. 

    Dans ce contexte, on pourrait penser que le chef de la majorité qu'est le Premier ministre cherche à rassembler la majorité, à trouver des compromis internes et à être dans une démarche d'écoute. C'est tout le contraire qui se passe. A la manière d'un Sarkozy, Manuel Valls cristallise les tensions, met de l'huile sur le feu. Les exemples abondent, par exemple dans la gestion de la loi Travail. En mars, Matignon présente une première version du projet de loi dont tout le monde a le sentiment qu'elle a été rédigée avenue Bosquet (siège du Medef).

    En avril, avant l'examen à l'Assemblée de la loi, son cabinet fait rajouter dans une interview de la ministre du travail un passage sur la possibilité d'un recours au 49-3 (ce qui s'est effectivement passer). En mai, Matignon mobilise tous les moyens de pression et imaginable (chantage sur les investitures ou les dossiers locaux défendus par les députés) pour que la motion de censure de gauche ne puisse être déposée.

    En juin, au moment où les organisations syndicales se débattent avec le problème de l'extrême violence de plusieurs centaines de jeunes, il accuse ni plus ni moins la CGT de complicité avec les casseurs. Ensuite, il tente de faire interdire une manifestation syndicale (un événement insolite), et ce malgré l'avis défavorable du ministère de l'intérieur. Sur le fameux article 2 de la loi, il refuse tout aménagement qui permettrait aux branches d'encadrer les fameux accords d'entreprise, notamment sur les heures supplémentaires. Il parie sur l'usure des contestataires, les vacances qui approchent et cherche la victoire par épuisement de l'adversaire. 

    Ce ne sont pas les seuls terrains où le Premier ministre fait montre de brutalité. En début d'année, il se heurte violemment au président de l'observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, qu'il accuse de complicité (rien que cela !) avec les courants fondamentalistes de l'islam. Se transformant en petit "père Combes" du début du 20e siècle, il propose une vision de combat de la laïcité qui contribue à diviser un peu plus le pays et que beaucoup de musulmans sentent, à tort ou à raison, dirigée contre eux. Lors d'un voyage en Israël, il ne fait pas montre d'une grande fermeté vis-à-vis du gouvernement hébreu, pourtant le plus à droite de toute son histoire, et qui continue sa politique de colonisation de la Cisjordanie. 

    A quel jeu joue Manuel Valls ? D'une certaine manière, il est cohérent avec le programme qu'il avait déroulé lors des primaires de la gauche en 2011. Il avait déjà indiqué que la matrice de la gauche n'était plus adaptée au nouveau siècle et qu'il fallait casser des tabous (comme les 35 heures). Le problème, c'est que son projet n'avait alors obtenu l'assentiment que d'un électeur des primaires sur vingt... Depuis qu'il a accédé à Matignon (avec la complicité de Hamon et Montebourg...), il profite allègrement des atermoiements du président Hollande qui, lui, n'a aucune vision claire, pour pratiquer le coup de force permanent. "C'est ça ou je pars" !, dit-il à l'Elysée qui ne voit aucun Premier ministre de rechange. 

    L'élection de 2017 est perdue pour la gauche, estime Valls, qui pense qu'il n'aura pas à y aller dans la mesure où Hollande se représentera. Perdu pour perdu, il veut que ce scrutin soit l'occasion de sceller la séparation définitive des deux gauches : celle qui gouverne dans une logique sociale-libérale et celle qui proteste. Il pense que le PS ne survivra pas aux scrutins de 2017. Le parti unifié par François Mitterrand en 1971 explosera, une partie voulant constituer une formation de gauche réformiste ; une autre assumant le quinquennat Hollande et sa politique économique de l'offre. La gauche risque d'être dès lors d'être fracturée entre trois composantes : une frange radicale autour de Jean-Luc Mélenchon qui campe une forme de pureté ; une gauche de réformes ambitieuses qui n'a pas peur de l'affrontement avec le patronat ; une gauche blairiste qui veut accompagner, le moins brutalement possible, l'entrée de notre pays dans l'économie mondialisée.

    La gauche n'aura dès lors aucune chance de reconquérir le pouvoir, chaque bloc représentant entre 10 et 20 % de l'électorat. Manuel Valls fait sans doute le pari de se rapprocher d'une partie de la droite et du centre qui refuserait une politique libérale effrénée ou des alliances avec le FN. Il espère ainsi créer cette fameuse troisième force dont les chances de succès sont très faibles dans le cadre de la Ve République. Le débouché politique de cette stratégie de destruction de la majorité politique conduite par Manuel Valls est donc très incertain. alors que les dégâts sont déjà considérables. On peut dès lors comprendre pourquoi des socialistes convaincus demandent le départ du Premier ministre.

     

  • Quand Hollande et Sarkozy veulent rejouer le match...

    Forcément, on y pense tous. On se dit qu'on ne va pas y couper. Au mieux, on aura un remake de 2012 avec un duel Sarko-Hollande. Au pire, la Marine va trouver sa place au second tour et affronter l'un des deux protagonistes qui risque de l'emporter dans un réflexe de sauve qui peut. Dans tous les cas, la démocratie va prendre un sacré coup, tellement cette bande des trois ne présente aucune ressource permettant de résoudre les maux de notre société.

    François Hollande, on l'a écrit ici très souvent, est depuis plus de trois ans paralysé par ses hésitations, son absence de vision et, osons le mot, sa paresse intellectuelle. Même s'il a su, en certaines occasions, se hisser au niveau d'un chef d'Etat, il est resté l'homme que l'on connaissait à la tête du parti socialiste : d'une intelligence tactique remarquable et d'une indigence intellectuelle, également remarquable. Actuellement, pour neutraliser Manuel Valls, il sort sa carte Macron qui, par ses provocations et son absence de sens de la responsabilité, montre que le premier ministre n'a pas l'autorité sur tous les membres de son gouvernement. Le seul qui a de l'autorité, c'est donc Hollande. CQFD.

    Le président de la République sera donc, malgré un bilan très faible, candidat à un second mandat. Peu importe pour lui qu'une majorité d'électeurs de gauche ait la gueule de bois, il espère gagner une fois encore par la seule tactique. Pousser Sarkozy pour marginaliser Juppé. Donner un coup de pouce au FN (par exemple en ressortant l'idée du droit de vote aux étrangers - alors qu'il fallait la mettre en œuvre dès le début de quinquennat) pour affaiblir la droite. Faire les yeux doux aux écologistes qui ont quitté EELV (lire mon précédent post) pour empêcher une candidature Duflot. Parsemer cela de quelques mesures sociales qui seront financées... après 2017. Soyons sûrs que ceux qui "dirigent" le pays (les conseillers de l'Elysée) travaillent dans toutes ces directions. Le pire (ou le mieux), c'est que ça peut marcher.

    Second larron : Nicolas Sarkozy. Comme son rival Hollande, il est constant. Pour lui, seul le pouvoir compte. Il y a une forme de jouissance à être plus grand que les autres, à non pas diriger un pays mais à être le chef (ce n'est pas tout à fait pareil). Comme l'Ex est bien informé, il sait qu'à la loyale, Alain Juppé voire François Fillon sont mieux placés que lui : absence de casserole, intégrité reconnue de l'un et de l'autres, expérience du pouvoir...

    L'Ex n'est pas du genre à se laisser abattre. Il va profiter de sa position de chef de parti pour, grâce à un mélange de séduction et de menace, récupérer de nombreux dirigeants des Républicains. Il a déjà commencé avec François Baroin, à la tête de l'influente Association des maires de France (AMF). Il a poursuivi en prenant le contrôle, via l'un de ses affidés Pierre Monzani, de l'Assemblée des départements de France (ADF) et pourrait être tenté de faire la même chose avec l'Association des régions de France (ARF), une fois que le basculement vers la droite aura eu lieu. Puisque Sarkozy ne peut séduire les Français qui n'ont pas oublié sa présidence calamiteuse, il va tenter de prendre le pouvoir en ralliant les "seigneurs" que sont les maires de grandes villes, les présidents de départements et régions.  

    On aurait pu espérer que Nicolas Sarkozy aurait mis à profit sa défaite pour réfléchir à ses causes, prendre du champ, et s'il voulait revenir au pouvoir (ce qui est une mauvaise idée pour un Président battu), proposer une nouvelle vision. Là, on prend les bonnes vieilles méthodes testées dans les Hauts-de-Seine (verrouillage, pressions sur les élus, promesses inconsidérées...) pour tenter un coup de force : revenir au pouvoir malgré les Français. Le pari de Sarkozy est le même que celui de Hollande : gagner le second tour face à Marine Le Pen par rejet viscéral de celle-ci.

    Les deux finalistes de la présidentielle de 2012 ont tout intérêt à faire grimper la candidate de l'extrême droite new look. Et chacun est assez brillant en la matière. François Hollande tourne le dos à ses engagements en menant une politique économique qui repose sur deux piliers :  améliorer l'offre des entreprises par des avantages (j'allais écrire "cadeaux") sans aucune contrepartie ; espérer une reprise mondiale qui profiterait à notre économie. Quand j'écrivais plus haut "paresse intellectuelle", je pensais à ce refus de voir que la pensée économique dominante (la doxa libérale à la Gattaz) n'est plus en phase avec les réalités. La présidence Hollande aura été marquée par une croissance forte du chômage (malgré le petit mieux, tout relatif, le mois dernier) et une désespérance accrue des quartiers populaires (voir la façon dont le Président a été accueilli à la Courneuve). Du pain béni pour la Madone de la démagogie !

    Quant à Sarkozy, il joue un jeu dangereux avec la thématique de "l'identité française". Notre fils de Hongrois reprend mot pour mot la phraséologie de l'extrême droite new look, celle qui s'est débarrassée, au moins en surface, de l'antisémitisme et de l'inégalité des races. Il espère capter une partie de l'électorat lepéniste en jouant sur le sentiment d'exaspération. Sauf que l'électorat visé est aussi "exaspéré" par l'impunité dont jouit une bonne partie de la classe politique, à commencer par Sarkozy. Lui aussi fait monter Marine Le Pen, tout en assurant qu'il est un vrai républicain. Voilà pourquoi il a viré la pauvre Morano qui, en fidèle élève de Sarko, a dépassé son maître en tenant un propos ouvertement raciste. 

    Tout cela nous prépare un triste printemps 2017. Mais, tout occupés qu'ils sont à servir leur intérêt personnel avant celui du pays, les professionnels de la politique, les accros au pouvoir n'en ont que faire...        

  • EE-LV, le (premier) trophée de chasse de Hollande

    Il est de coutume de dire que François Mitterrand a eu la peau du parti communiste au cours de ses deux septennats. Il faut dire que les communistes, empêtrés dans leur allégeance peu critique au communisme soviétique l'ont bien aidé dans cette tâche dont on n'a pas fini de payer le tribut. N'oublions pas que ces années 80 ont été également celles de la montée du Front national. Qu'on le veuille ou non, notre pays a besoin d'un parti tribunicien qui joue un rôle d'exutoire des colères populaires (1).

    Trente ans après, un autre François (Hollande) est en train d'avoir la peau d'une autre formation Europe écologie-les Verts (EE-LV) qui entend faire de l'ombre au parti présidentiel. En effet, l'une des raisons essentiels de la division des écologistes (qui s'est traduite ces derniers jours par le départ en fanfare de François de Rugy et jean-Vincent Placé) est la conséquence de la pression que fait l'Elysée, depuis des mois, sur le parti écolo pour qu'il accepte de le soutenir dès le premier tour lors de la présidentielle de 2017.

    Le pari de François Hollande est simple : il ne peut espérer arriver au second tour de l'échéance que si la droite est représentée par Nicolas Sarkozy (qui se retrouverait concurrencé par François Bayrou) et si la diversité des candidatures n'est pas trop forte. En clair, il ne faut pas que les écologistes présentent un candidat (Cécile Duflot) qui pourrait lui grappiller trois ou quatre points qui lui seraient fatals. On pourrait gloser sur le calcul risqué du Château : il est peu probable qu'une majorité d'électeurs écolos le soutienne dès le premier tour alors que le  Président (jusque-là) a semblé presque en retrait par rapport à Nicolas Sarkozy sur l'écologie qui avaient au moins initié des états généraux. 

    En faisant pression sur des leaders écologistes dont le sens politique est inversement proportionnel à leur fougue, François Hollande a réussi à faire éclater une mouvance écologiste qui, depuis la mésaventure Eva Joly (2% en 2012), est très sceptique sur sa capacité à faire valoir ses idées lors de la présidentielle. Pour être tout à fait honnête, précisons que le Président a bénéficié d'une faiblesse structurelle de cette organisation EELV qui avait été façonné voici quelques années par... J.-V. Placé sur un mode très daté. Ce dernier a au moins raison sur un point : EE-LV fonctionne sur le modèle des années 70 ("gauchiste", dit-il) avec une prégnance des débats idéologiques (à chaque congrès, 5 ou 6 motions se disputent les suffrages de moins de 5000 adhérents...) et une incapacité à construire un réel lobby écologiste.

    Mais ce calcul politique risque est malheureusement assez cohérent avec nos institutions qui sont calquées sur le modèle américain (deux candidats au final) sans, pour autant, bénéficier des avantages du système des USA. La 5e République est une formidable machine à éliminer la diversité politique et à broyer le débat politique. Il serait peut-être temps de s'en apercevoir.

    En refusant toute réforme institutionnelle, François Hollande a pris un gros risque à trois mois de la conférence sur le climat : affaiblir ceux qui, par-delà leurs divergences, ont été les précurseurs d'un autre modèle de société, plus en harmonie avec les équilibres naturels. Avec cette stratégie machiavélique, il prive notre pays d'une voix originale, parfois agaçante, mais irremplaçable. c'est ce qu'on appelle un beau gâchis politique...   

     

    (1) Mon propos n'est pas de faire un lien entre ces deux courants qui ne partagent aucune valeur, mais d'expliciter la fonction que le PC joua dans l'après-guerre et que prolonge, d'une certaine façon - et de la pire - le Front de la famille Le Pen.