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georges frêche

  • PS: faire le ménage devant sa porte

    Alors que le pouvoir essaie de faire diversion en vantant les racines chrétiennes de notre pays (ça ne mange pas de pain!) et en lançant un débat périlleux sur l'islam (qui ne peut que pJean-Noël Guérini, arnaud montebourg, georges frêche, martine aubry, gérard collombrofiter à une Marine Le Pen en pleine ascension), on a quelque gêne à s'intéresser à la cuisine interne du PS. Cela paraît assez mesquin en ces temps de turbulence arabe. Et pourtant, l'affaire du rapport Montebourg sur la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône est révélatrice de la duplicité des appareils politiques.

    Que dit le candidat à la candidature socialiste dans un rapport qui, nous dit-on, aurait dû rester confidentJean-Noël Guérini, arnaud montebourg, georges frêche, martine aubry, gérard collombiel? Que cette fédération dirigée par le sénateur et président du conseil général Jean-Noël Guérini et qui, par le nombre de ses adhérents, est la troisième ou quatrième du PS, fonctionne selon des principes douteux, avec des systèmes de pressions personnelles, de chantage financier (puisque le conseil général délivre des subventions qui, du jour au lendemain, peuvent être supprimées) et d'obscures tractations sur le vote des militants.

    Généralement, le choix de la direction fédérale est suivi à 80% par les adhérents du département. Pourquoi dans les Bouches-du-Rhône (mais on pourrait également s'intéresser au Pas-de-Calais, à l'Hérault et, dans une moindre mesure, à la Seine-Maritime) n'y a-t-il pas la diversité politique que l'on connaît dans la plupart des autres fédérations? Y aurait-il un micro-climat qui expliquerait cette uniformité politique?

    L'hypothèse de la plupart des observateurs avisés de ces réalités, dont se fait l'écho Arnaud Montebourg, est la suivante: le patron de la fédé négocie nationalement son ralliement à tel ou tel leader, à tel ou tel courant, non pas sur la base d'une adhésion à un projet, mais selon le principe de marchands de tapis: « Si je t'amène 80% des voix des adhérents, tu me donnes quoi? ». Cela veut dire des places dans l'appareil socialiste et sJean-Noël Guérini, arnaud montebourg, georges frêche, martine aubry, gérard collomburtout l'impunité quant aux pratiques douteuses (on a vu ainsi certaines sections des Bouches-du-Rhône « dissidentes » dissoutes par la fédération et des effectifs ici ou là grossièrement gonflés). Lors du dernier congrès PS de Reims, Jean-Noël Guérini s'était rapproché de Gérard Collomb, autre grand féodal (lyonnais), pour négocier son ralliement à Ségolène Royal. Il était quelque peu cocasse de voir la dame du Poitou, adepte d'un discours volontiers moral, s'allier au Marseillais aux manières fort peu policées. Mais bon, business is business...

    Le plus surprenant dans cette affaire, c'est la réaction outragée de Martine Aubry: « Il n'y a rien dans ce rapport. Pas un élément concret, précis, pas un fait », a-t-elle osé déclarer. Cette réaction a également été entonnée par la gauche du PS et par quelques autres, sur le thème: on ne tire pas contre camp surtout à trois semaines d'un scrutin cantonal dans lequel le PS espère ravir quelques départements. Mais justement à quoi sert-il de conquérir de nouveaux territoires s'il s'agit d'y appliquer des méthodes de fonctionnement néo-féodales et anti-démocratiques?

    La preJean-Noël Guérini, arnaud montebourg, georges frêche, martine aubry, gérard collombmière secrétaire du PS refuse de voir la réalité en face, comme voici trois-quatre ans, l'ancienne direction ne souhaitait pas mettre son nez dans la fédé de l'Hérault, avant que l'équipe d'Aubry s'y implique au dernier moment avec le résultat calamiteux que l'on connaît (le triomphe de feu Frêche et la déroute de la maire de Montpellier aux élections régionales). Non seulement cet aveuglement aura à terme des conséquences désastreuses sur les positions de la gauche dans ce département (car la mise en examen d'Alexandre Guérini dans des affaires de marchés truqués pourrait bien rejaillir sur son frère), mais surtout il illustre le décalage entre le renouvellement des idées, actuellement à l'œuvre, quoique de façon tempérée, au sein de l'appareil socialiste, et les pratiques locales qui parfois sont restées aussi archaïques (embrigadement et absence de débat).

    Ce fossé est d'autant plus fâcheux que Martine Aubry vient de s'exprimer dans un livre (« Pour changer de civilisation », éd. Odile Jacob) sur les valeurs de la gauche et sur ses principes d'action. L'un des premiers devrait être de faire le ménage dans les écuries socialistes pour que les fonctionnements les plus choquants soient bannis du parti. Mais évidemment, cela donnerait des armes à la droite locale – pas beaucoup plus ragoutante – et ferait perdre quelques milliers de voix dans le cadre de la compétition locale pour les primaires. Mais faut-il compromettre ses beaux principes pour un plat peu appétissant de lentilles, fussent-elles à la sauce marseillaise?

     

  • L'énigme des 15 points et la stratégie de Sarko

    Quinze. C'est le chiffre qu'il faut retenir de ce premier tour des élections régionales. Cela ne correspond pas au score de telle ou telle formation Sarko impérial.jpgpolitique, mais à l'augmentation de l'abstention en six ans pour un même scrutin. Plutôt que de parler de la (contre) performance de tel ou tel (tout a été dit lors de la soirée électorale), il faut s'arrêter sur le principal enseignement de ce 14 mars.

    Pourquoi plus d'un électeur sur deux n'a pas jugé bon de se rendre dans son bureau de vote? Pourquoi cette claque adressée à la classe politique? On peut évidemment y voir des circonstances conjoncturelles. Certes, les élections régionales ne sont très sexy: les questions sont assez techniques et ne se prêtent guère à des clivages francs et nets; les présidents, à part Ségolène Royal en Poitou-Charentes et Georges Frêche en Languedoc (tous deux, en marge du PS, réalisent parmi les meilleurs scores de la gauche), jouissent d'une très faible notoriété. On peut ajouter que la campagne a été « polluée » par des affaires qui n'ont pas rehaussé l'intérêt des électeurs. Évidemment, il faut également incriminer le contexte économico-sociale qui favorise un certain fatalisme vis-à-vis de la politique: les régions, si elle peuvent encourager un certain type d'entreprises, n'ont aucunement les moyens d'empêcher tel plan social ou telle délocalisation. Elles sont pas le « bouclier social » que promeut la gauche, mais simplement un petit édredon qui amortit les chocs. Sans être négligeable, cela n'est pas de nature à mobiliser des franges populaires très inquiètes (à juste titre) pour l'avenir.

    Avec ces facteurs, on n'a pas résolu l'énigme des 15 points. Que s'est-il passé en six ans pour en arriver à ce désintérêt patent de la politique? Voici bientôt trois ans, un homme est arrivé à l'Elysée et a tout bouleversé. Sa façon de concevoir l'action politique est aux antipodes de ce qui a pu se faire avant. Jusque-là, une majorité conduite par le Premier ministre mettait en oeuvre son programme et le cap défini par le Président de la République. Celui-ci restait en dehors de la mêlée (ce qui n'empêchait pas les coups bas et les trahisons). Depuis 2007, Nicolas Sarkozy est en permanence dans le feu de l'action, ne prend jamais de recul, bâillonne sa majorité et débauche régulièrement des personnalités de l'opposition. S'ensuit un fort mécontentement dans l'électorat de droite qui, entre nominations Besson-Kouchner puis Migaud-Charasse, bling-blig et Cécilia-Carla, n'y retrouve pas ses petits (d'où la gamelle de l'UMP ce dimanche), mais plus fondamentalement un grand désarroi dans la société.

    Tout le monde s'interroge sur ce que veut faire exactement Sarko. Tout est réversible chez lui, tout jugement sur sa politique peut être contesté. C'est un libéral convaincu. Oui, mais il tonne contre les bonus accordé aux traders et entend réguler le système financier mondial (comment, on l'ignore). Il flatte l'électorat du Front national (qui le lui rend mal). Oui, mais il dit vouloir s'attaquer aux discriminations visant les Français dont la peau est moins blanche que Gérard Longuet. Il a pris à bras le corps la question du réchauffement climatique Sarko grimace.jpgdepuis le Grenelle de l'environnement jusqu'à la négociation de Copenhague. Oui, mais le premier n'avance pas fort et, devant des agriculteurs inquiets, lance: « L'écologie, ça suffit comme ça ». Il veut réformer la société française. Oui, il l'a montré pendant trente mois - au risque du tournis -, mais le voilà annonçant qu'en 2011, on va « délégiférer ». Comprenne qui pourra!

    Faute de savoir ce qu'il veut faire du pouvoir qui lui a été accordé pour cinq ans, Sarko se démène pour le garder cinq années de plus. Et pour jouir encore et toujours du pouvoir sur les gens (plus que sur les réalités), il faut accroître la confusion politique, brouiller toutes les lignes, saccager le clivage gauche-droite et « viriliser » le débat (tout est rapport de force et intérêt bien compris; l'intérêt général peut bien attendre). En un mot, dépolitiser.

    De ce point de vue, le scrutin de ce dimanche est satisfaisant pour l'Elysée: il a dégoûté une frange non négligeable d'électeurs de s'intéresser à la politique et, en outre, a affaibli le pouvoir régional qu'il pourra ensuite « achever » lors de la réforme des collectivités locales. Du beau travail, Monsieur le Président, mais qui peut nous laisser un goût bien amer!

  • Le PS face au boomerang Frêche

    Le parti socialiste vit un début d'année contrasté. En apparence, les signes de rétablissement de sa santé se multiplient. L'autorité de Martine Aubry semble s'affirmer (d'autant que celle de Ségolène Royal est considérablement émoussée); les régionales laissent espérer un quasi-grand chelem rose en raison de la dégringolade de la popularité du président de la République et du manque de cohésion de plus en plus net de la majorité (affaire de la Burqa, constitution des listes pour les régionales et guerre ouverte avec Villepin).Tout cela se conclut par un sondage inespéré selon lequel un candidat étiqueté socialiste (Dominique Strauss Kahn) pourrait battre Sarkozy en 2012. Le parti que d'aucuns affirmaient moribond voici quelques mois semble donc reprendre du poil de la bête. Mais attention aux illusions d'optique! Car derrière la sFrêche bis.jpgcène, les coulisses du PS ne sont pas si reluisantes.

    L'affaire Georges Frêche illustre l'état de déliquescence morale et politique des cadres intermédiaires du parti. Dans cette triste affaire, on peut bien sûr se demander pourquoi la direction nationale a été aussi flottante dans sa « gestion » du président sortant de Languedoc-Roussillon. Il ne fallait pas être sorti de l'ENA pour se douter que celui qui avait osé traiter les harkis de « sous-hommes » (terme emprunté au langage nazi) était capable de récidiver. Qu'il l'ait fait en direction de Laurent Fabius à qui il voue une détestation folle n'est donc pas surprenant. Mais on se demande pourquoi il a fallu attendre une remarque à connotation antisémite pour que le PS se prive de ses services.

    Voilà l'appareil obligé d'introniser dans la précipitation la maire de Montpellier qui fut voici peu la protégée de Frêche avant de se rebeller. Solférino prend le risque d'essuyer un score minable lors du premier tour des régionales surtout s'il n'arrive pas à conclure un accord avec la liste Europe Ecologie, clairement anti-Frêche depuis le début. Mais si la direcFrêche Le Pen.jpgtion du PS se trouve dans ce piège, c'est parce qu'elle s'est fait embobiner par les notables locaux qui restent, dans leur grande majorité, fidèles à Frêche.

    C'est bien la question de fond qui est posée au PS: comment se fait-il que des militants d'un parti qui se proclame anti-raciste et républicain n'aient pas pris leurs distances avec un personnage que ne renierait pas le Front national. Populisme habillé d'anti-parisianisme, nostalgie de l'Algérie française (ce qui lui assure des voix du côté des rapatriés), système clientéliste à côté duquel Tibéri et Chirac, du temps de la mairie de Paris, étaient des petits joueurs, mépris des électeurs (comparés à  « des cons »)... voilà comment se définit depuis des années le système Frêche. Et il s'est trouvé plus des deux tiers des adhérents PS, lors du vote sur la tête de liste, pour vouloir repartir avec ce septuagénaire à la santé fragile.

    On pourra toujours pointer les spécificités de cette région méridionale, se moquer des gens du Sud aux mœurs politiques si curieuses, mais ce serait se rassurer à bon compte. Quand on sillonne la France, on découvre ici ou là des potentats locaux dits socialistes qui se comportent comme des mini-Frêche. Ils ont « l'intelligence » de ne pas faire de vagues, de gérer leur fief en bon père de famille, mais ils utilisent les mêmes méthodes: cartes du parti refourguées aux employés municipaux, refus du débat et de la transparence, élimination politique des contestataires, népotisme familial. Le parti fait mine de ne pas savoir, se drapant dans les bons résultats électoraux de ces notables, mais à force de cautionner des pratiques d'un autre âge qui le privent du concours de militants sincères, il se retrouve dans une situation inextricable. Quand les excès et dérapages deviennent trop voyants qu'il faut se débarrasser d'un Mellick, d'un Frêche (liste non limitative), la direction se trouve souvent isolée face à la base locale qui, elle, soutient son élu.

    Voilà comment, à force de cautionner, par silence ou lâcheté, la dérive poujado-raciste de Frêche, le PS pourrait se voir chiper la région Languedoc-Roussillon par la droite -ou ce qui serait pire pour la démocratie – devoir supporter encore une nouvelle présidence nauséabonde de celui qui s'en est pris à la « tronche pas catholique » de Laurent Fabius.