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olivier besancenot

  • Extrême gauche : le choix d'Olivier

    De la semaine politique française, un fait marquant ressort. Non pas la pitoyable polémique autour de la Porsche empruntée par DSK (l'actuel patron du FMI a beaucoup d'amis qui aiment l'argent et qui savent le montrer ; cela ne doit pas être un argument de vente, ce ne peut être un crime de lèse majesté socialiste), mais l'annonce faite par Olivier Besancenot qu'il ne se présenterait pas pour la troisième fois à l'élection présidentielle de 2012.

    olivier besancenot,npaLa décision de l'un des plus jeunes (avec Alain Krivine, son mentor, en 1969) candidats au scrutin majeur de la vie politique est lourde de symboles et d'enseignements. A la différence du candidat socialiste soumis à rude épreuve avec la primaire ou du président sortant dont la candidature pourrait compromettre l'avenir de bien des députés UMP, Olivier Besancenot n'avait aucun souci à se faire pour son investiture par le NPA. Un éventuel échec n'aurait pas eu de conséquence irrémédiable pour les siens (aucune perspective d'élection ne s'annonce pour les législatives qui suivront).

    Olivier Besancenot constitue la meilleure vitrine de ce parti frondeur, « gauchiste » (sans appréciation péjorative) et son profil encore jeune de facteur, au verbe haut, aurait pu faire mouche une fois encore, dans une période où la jeunesse s'interroge sur sa place dans une société française vieillissante et conservatrice. Certains au sein de son parti voudraient le faire reconsidérer sa décision, mais c'est mal le connaître que de penser qu'il puisse se dédire.

    Cette décision, bien entendu, n'est pas sans lien avec les échecs de sa stratégie d'indépendance totale vis-à-vis des autres formations de la gauche de la gauche, notamment lors des scrutins européens et régionaux. Il n'est pas interdit de penser qu'il eut été enclin à reconsidérer sa position si son leadership à gauche du PS était indiscutable. Ce qui n'est pas le cas.

    Ce qu'avance Besancenot pour expliquer son retrait, c'est sa volonté de laisser son parti exister sans sa présence tutélaire. En quelque sorte, il se propose de tuer le fils prodige (à défaut du père) qui encombre son parti. Il a pressenti que son maintien comme candidat du NPA le condamnait à marcher sur les traces d'Arlette Laguiller, candidate à six reprises, et que son succès à chaque présidentielle ne vaut pas adhésion aux thèses de son parti d'extrême gauche, d'inspiration trotskyste.

    L'échec de la transformation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en Nouveau parti anticapitaliste, c'est-à-dire l'incapacité à créer une réelle dynamique populaire, est symptomatique de ce déphasage entre le succès d'estime lors des deux dernières présidentielles (4,2 % puis 4,1 %) et l'engagement concret pour faire vivre les idées dites révolutionnaires. Besancenot qui sent bien la société française (est-ce parce que, à la différence des autres leaders, il garde un pied dans le monde du travail?) a compris que sa performance éventuelle en 2012 n'aurait pas d'impact, ou si peu, sur l'influence de son parti.

    C'est évidemment la conception d'un parti (encore léniniste) qui parie sur la construction d'une élite éclairée qui est en cause dans une France hédoniste qui tient à ses RTT non pour s'engager auprès des autres (même si certains le font) mais pour s'inventer un monde meilleur à l'échelle de sa vie. Il est d'ailleurs cocasse que le leader d'un parti révolutionnaire se retire de la scène politique pour vivre davantage sa vie de jeune père de famille et pour retrouver ses potes du rap et du foot, loin des caméras. En même temps, cette décision courageuse (qui, à part Delors en son temps et pour d'autres raisons, a renoncé à se présenter alors qu'il avait un boulevard devant lui ?) et pathétique (d'un échec politique) est encourageante pour ceux qui pensent qu'il existe une vie en dehors de la politique professionnelle. Et que les leaders d'un parti doivent se renouveler régulièrement pour éviter personnalisation excessive et assèchement des idées.

  • Pourquoi DSK pose un problème à la gauche

    A un peu moins de deux ans de la présidentielle, voilà qu'une avalanche de sondages nous plonge déjà dans cette échéance. Tous disent la même chose: le président sortant peut être battu (ce que personne n'imaginait voici un an) et Dominique Strauss-Kahn est le mieux DSK.jpgplacé pour lui ravir la place. Une enquête de CSA pour LCP indique, le 4 juin, que DSK gagnerait largement la primaire socialiste avec 33% des suffrages contre 12% à Aubry et 10% à Royal. Notons que ce sondage concerne l'ensemble des Français et non les adhérents et sympathisants socialistes, seuls appelés à s'exprimer. Or, on sait que le directeur général du FMI a une bonne cote parmi les électeurs de droite, ce qui remonte mécaniquement son score.

    Quittons la cuisine électorale pour essayer d'analyser cette candidature qui, si elle n'est pas déclarée, est déjà sur la table. Sur le papier, DSK a de nombreux atouts. Il est expérimenté (ministre, FMI) sans être trop âgé; il a une dimension internationale sans être déconnecté des réalités françaises (il a été maire de Sarcelles); il bénéficie d'un vrai réseau au sein du PS et de relais dans les médias et parmi les intellectuels; c'est un homme d'action tout en étant immergé dans le débat d'idées. Tout cela est vrai, et il serait malhonnête de le nier.

    Pour autant, cette candidature pose plus de problèmes qu'elle n'en résout. Essayons de nous projeter dans deux ans, quand le pays va s'exprimer. La situation sociale et économique française risque d'être calamiteuse: déficits record (malgré la comm' sur la réduction du train de vie de l'Etat), taux de chômage élevé, précarité et misère massives. L'Europe pourrait bien être encore engluée dans les suites de la crise 2008-2009, avec des problèmes de gouvernance toujours pas résolus. Sur le plan international, en l'absence de plan de paix au Proche-Orient (comment y croire à moyen terme?), l'isolement d'Israël pourrait être renforcé et l'Etat hébreu sera tenté d'alimenter sa tension avec l'Iran qui a également besoin de ce moteur pour exister. Les tensions politiques et commerciales avec la Chine, elle-même plongée dans une grave crise suite à la contraction de la demande internationale, pourraient s'aggraver. Pour Barak Obama, l'approche de l'élection présidentielle - qui pourrait être difficile vu la montée logique des mécontentements - devrait le conduire à se concentrer sur les enjeux intérieurs et à défendre bec et ongle les intérêts, réels ou supposés, des Etats-Unis.

    C'est dans ce contexte (tout à fait possible) qu'il faut analyser la candidature de DSK, et non pas avec les lunettes de 2010 où le pouvoir est tellement discrédité et où l'éloignement de Paris pour le patron du FMI lui donne cette dimension d'homme providentiel qui sied tant auDSK, sarko.jpg peuple français. D'ici là, Nicolas Sarkozy aura enfourché une nouvelle marotte, trouvé deux ou trois idées géniales pour faire meilleure figure. Et puis, la situation sociale mauvaise, voire calamiteuse, sera mise sur le dos de la crise internationale, donc attribuée à DSK. N'est ce pas Sarko qui a fait des pieds et des mains pour que l'ancien ministre de Jospin y soit nommé?

    Début 2012, s'il est désigné par les primaires, DSK débarquera à Paris avec son habit de directeur général du FMI dont l'intervention aura été déterminante en Europe, en Grèce évidemment, peut-être demain en Espagne et au Portugal. Comme on le voit déjà chez nos amis hellènes, les solutions plus ou moins imposées par le FMI pour secourir des Etats proches de la banqueroute auront saigné les peuples. La colère face à l'injustice de sacrifices imposés aux plus modestes sera grande. Comment notre fringant patron du système financier international pourra-t-il se présenter devant les Français avec des solutions de gauche? Qui le croira, lui qui a mis en oeuvre des solutions libérales, proches du fameux et critiqué ajustement structurel qui a ruiné de nombreux Etats du Sud?

    Cette candidature serait du pain béni pour la droite et la gauche radicale qui dénonceront, non sans raison, la duplicité des socialistes, partisans de l'iDSK, aubry.jpgntervention publique à Paris et de la dérégulation à New-York. Par ailleurs, celle-ci créerait des tensions fortes avec l'appareil socialiste comme on en a connu déjà en 2007. Comment croire, en effet, que l'ancien DG du FMI défende le retour de la retraite à 60 ans ou la forte taxation des dividendes et autres jeux spéculatifs qui seront au programme du PS. Ce n'est pas faire injure à DSK que de rappeler qu'il a plus d'entrées et d'amitiés dans les milieux patronaux que chez les camarades de la CGT. Ce n'est pas criminel, cela ne mérite pas le peloton d'exécution, mais cela augure mal de la nécessité d'avoir des dirigeants moins liés aux grands intérêts.

    En tout cas, une chose est sure: une candidature DSK ne ferait que renforcer Mélenchon et Besancenot qui, à deux, pourraient atteindre les 12 et 15%. Au second tour, cela promet bien du plaisir au candidat « socialiste » pour rassembler toute la gauche, d'autant qu'il aura peu de réserves au centre, ayant largement aspiré cet électorat rassuré par la pragmatisme de DSK.

    L'autre préoccupation de 2012 pourrait être écologique. Là dessus, on n'a jamais perçu beaucoup d'audace de la part de DSK, engoncé dans ses certitudes productivistes et pro-nucléaires. Là aussi, le report des voix écologistes pourrait ne pas être si évident.

    Bien entendu, la logique de communication dont il est l'un des maîtres avec... Sarkozy et l'appui précieux dont il bénéficie de la part des dirigeants d'Euro RSCG (Fouks, Finkelstein) pourraient l'aider à gommer les incongruités de son parcours d'homme de gauche. Même si les vieux médias pourraient, après avoir joué la carte Sarkozy, se rabattre sur la candidature DSK, celui-ci devra faire face à l'interpellation des nouveaux médias (réseaux sociaux, blog...) qui ne sont prêts à gober facilement le repositionnement stratégique du grand argentier international devenu le porte-drapeau de l'alternance de gauche.