Ces derniers jours, le continent américain a été marqué par deux scrutins importants: aux Etats-Unis avec les
élections de mi-mandat et au Brésil avec la présidentielle. Dans le premier cas, la ligne de gauche modérée incarnée par Lula a été approuvée avec l'élection de son dauphin, Dilma Rousseff. Au nord du continent par contre, la volonté réformatrice d'Obama a été rejetée par les électeurs des Etats-Unis qui l'obligent à une cohabitation problématique avec la Chambre des représentants désormais dominée par les républicains. Les deux présidents ont un point commun: ils ont incarné un vrai espoir dans leur pays, et plus largement dans le monde, celui de changements en douceur pour aller vers une plus grande justice sociale. Pourtant, l'un, Obama, est stoppé net simplement au bout de deux ans alors que l'autre, Lula, voit sa politique confirmée (bien que critiquée à gauche comme à droite) après huit ans de pouvoir marqué par des échecs (en termes notamment de redistribution des terres) et quelques scandales de corruption? Pourquoi l'un imprime durablement sa marque au pays alors que l'autre, à peine élu, est déjà contesté?
Bien entendu, les contextes sont loin d'être comparables. La puissance nord-américaine su
bit encore les contre-coups de la grave crise financière et immobilière qui a démarré voici trois ans. Le chômage atteint presque la barre des 10% ; la situation des classes moyennes reste assez précaire; la question du logement reste très aigüe et les marchés financiers qui ont repris de la splendeur continuent à imposer leur loi. De plus, la société américaine, dans ses profondeurs, ne s'est pas débarrassée de son inconscient raciste : une partie des Américains WASP (« white anglo-saxon protestants ») continue à voir dans le premier président noir des Etats-Unis un intrus, un accident de l'histoire. Tout autre est la situation du Brésil, puissance émergente, dont la croissance économique, et le dynamisme culturel, sportif (ce pays va accueillir la coupe du monde de football puis les Jeux olympiques) font saliver tous les dirigeants occidentaux. Malgré les insuffisances de Lula, son bilan est largement approuvé par les Brésiliens qui font preuve d'un pragmatisme assez impressionnant.
Aux Etats-Unis (mais la remarque s'applique très souvent aux pays occidentaux), toutes les difficultés sont attribuées au président actuel, même celles qui relèvent de son prédécesseur. Les électeurs ont la mémoire courte, oubliant le calamiteux bilan de George Bush, aussi bien sur le plan économique et social que international (avec l'engagement dans la guerre en Irak). Certes, les espoirs placés en Barack Obama étaient immenses, sans doute disproportionnés, et la déception est forcément au rendez-vous, mais en tout cas sur le plan intérieur, il n'a pas chômé, bataillant pour faire accepter sa réforme de la protection sociale.
L'exemple Obama montre la difficulté – voire l'impossibilité – de réformes en profondeur en faveur des couches les plus démunies dans ce type de société. Là où le sentiment de déclin s'installe, où les couches moyennes ont peur d'être rattrapées par les plus pauvres, où la préoccupation principale des vieux est de percevoir leur pension (qui, rappelons-le, sont liées aux Etats-Unis à la bonne santé financière des grands groupes), toute volonté de bousculer – même raisonnablement – la donne se heurte à des peurs parfois instrumentalisées, à des réflexes de crispation. Il devient très compliqué de mener des politiques de gauche (donc des réformes) dans des espaces géographiques dominés - politiquement, économiquement, culturellement - par une population âgée. La tentation de la conservation de l'acquis, surtout quand celui-ci se rétrécit, prend le dessus sur tout projet innovateur qui bouscule les habitudes et représente toujours un saut vers l'inconnu.
Ce que des sociétés jeunes, en essor, confiantes dans leur avenir acceptent, d'autres présentant des caractéristiques inverses le refusent. Ce n'est pas pour rien si la plupart des pays d'Amérique latine sont dirigés par des gouvernements de gauche et si le monde occidental est très souvent contrôlé par des équipes conservatrices. Avis (notamment) à la gauche française qui rêve de reprendre les rênes du pouvoir en 2012!

depuis bien longtemps, le front syndical est resté soudé, malgré les différences évidentes de sensibilité, par exemple entre Solidaires et la CFDT. Cette centrale qui n'a reçu aucun gage de la part du pouvoir a fait le choix du conflit jusqu'au bout, ce qui marque une vraie évolution dans la culture cédétiste sensible à l'idée du compromis. Le pouvoir aura donc réussi à radicaliser le syndicat le plus réformiste et à ne pas isoler les éléments les plus radicaux qui, par leur attitude responsable, ont gagné en crédibilité. Le pouvoir espérait par ailleurs exacerber les tensions au sein de la CGT entre une direction plutôt ouverte au compromis et privilégiant un accord solide avec la CFDT et certaines fédérations prêtes à en découdre et à se rapprocher de SUD. Sauf évolution de dernière heure, il n'en a rien été et cela marque un échec pour la stratégie de division tentée par le pouvoir sarkozyste. A l'avenir, toute volonté de réforme jugée libérale sera sévèrement combattue par un front syndical qui, malgré sa défaite sur le papier, a marqué des points pendant ces semaines de mobilisation.
e Président!
r sur ses étranges collusions, à ridiculiser tous ses propos en les reliant à la nauséabonde affaire Bettencourt. Le fait d'imposer une réforme importante, celle des retraites, sans négocier avec les partenaires sociaux (alors qu'on avait promis le contraire pendant la campagne électorale) puis, sous la pression de la rue, à lâcher une à une des petites choses amène les manifestants à se dire que des acquis importants peuvent être obtenus par le blocage du pays. D'où la tentation de la stratégie du pire. Le fait de répondre à la centaine de parlementaires UMP qui ont demandé de remettre en cause le bouclier fiscal par un « circulez, y'a rien à voir » conduit les principaux soutiens du pouvoir à prendre de la distance.
ro-événement m'a interrogé sur la place du politique. Participant, en tant que journaliste, aux assises de l'aide à domicile, l'intervention de Nora Berra, secrétaire d'Etat aux aînés, était particulièrement attendue. Le secteur souffre depuis plus d'un an des restrictions budgétaires apportées au paiement des heures de travail ménager et d'accompagnement des personnes souvent âgées. Cela n'est pas sans lien avec l'étranglement financier des collectivités locales conduit par l'Etat. Lors de ce rendez-vous des professionnels de l'aide à domicile, agissant souvent dans un cadre associatif, tout le monde espérait un discours qui apporte des réponses claires aux incertitudes actuelles et qui trace les grandes lignes de la réforme de la dépendance annoncée, après bien des reports, pour fin 2010. Au lieu de cela, les trois à quatre cents participants entendirent un discours creux, ponctué de généralités, sans aucune ligne directrice.