Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 mai - Page 27

  • Mais que font les députés?

    A quoi sert le Parlement?, se demandent régulièrement certains citoyens. Les raisons de douter de son utilité sont bien connues: prééminence de l'AN.jpgexécutif (encore renforcée avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy), faiblesse des débats en raison, notamment, de la concordance des majorités au Sénat et à l'Assemblée, place très réduite de l'initiative parlementaire, discipline de choc au sein des divers groupes politiques qui privilégient trop souvent les « qualités » d'obéissance à la créativité. La question subsidiaire qu'il faudrait se poser est plutôt celle-ci: à quoi servent certains parlementaires? A en croire le palmarès établi par le site internet (1) Lesinfos.com, cette interrogation est vraiment pertinente. Ce site a en effet comptabilisé depuis leur élection en juin 2007 les interventions en commission (là où s'élabore la loi) et en plénière (là où elle se vote), sans oublier de recenser les propositions de loi et les rapports rédigés ou signés par les députés. A partir de là, il propose un classement des députés selon leur activité. Sauf à être devenus totalement blasés, on tombe littéralement de sa chaise. Quand les parlementaires les plus actifs sont intervenus (plénière + commission) plus de trois cents fois, quelques-uns n'ont ouvert leur bouche en séance publique qu'une voire zéro fois. En trois ans tout de même, il faut le faire!bonnet d'âne.jpg

    Citons le tableau du déshonneur parlementaire. Et notons que les bonnets d'âne se recrutent aussi bien à gauche qu'à droite (2). L. Cathala (Val-de-Marne, PS) partage la position de dernier avec F.-X. Villain (Nord, UMP), tous deux muets comme une carpe; auteurs d'une seule intervention, on trouve aussi bien les UMP Bassot (Orne), Briand (Indre-et-Loire) ou Cuq (Yvelines) que les socialistes Pérez (Aude) ou Pajon (Seine-Saint-Denis). A un tel stade de désertion des enceintes parlementaires, on peut se demander à quoi servent leurs attachés parlementaires. Ils doivent s'ennuyer comme des rats morts, à moins qu'ils ne soient entièrement dévolus à la présence dans la circonscription.

    Un peu mieux classés, mais à un rang peu honorable, les « stars » de la politique, qui font souvent le pied de grue dans la salle des Quatre colonnes pour guetter les journalistes: les socialistes Cambadélis (3 interventions), Lang (5), Dray (12), Vaillant (15), Fabius (24), Hollande et Moscovici (26 chacun), la communiste Buffet (52), le centriste Bayrou (29) et les UMP Balkany (14), Perben (34) et Raoult (35).

    Ollier.jpgLe haut du tableau est lui aussi ultra éclectique. Dans les cinq premières places, on retrouve deux UMP - PBrottes.jpgatrick Ollier (photo) et Pierre Méhaignerie -, un Nouveau Centre (Charles de Courson), un socialiste (François Brottes, photo) et un communiste (Jean-Pierre Brard). Les deux premiers cités ont le grand avantage de présider une commission parlementaire, ce qui leur confère un temps de parole prépondérant et des moyens d'action non négligeables.

    Cette inégalité abyssale dans le travail législatif soulève au moins trois types de questions:

    1/ Est-il normal que l'indemnité d'un député et l'enveloppe pour payer son staff soit les mêmes pour un député comme J.-P. Brard Brard.jpg(photo) qui est intervenu 317 fois, a signé 9 rapports et est le co-auteur de 10 propositions de loi, et pour un autre, Michel Pajon, lui aussi de Seine-saint-Denis, qui a fait une seule intervention en commission. Pourquoi l'Assemblée n'applique pas enfin son règlement qui prévoit la possibilité d'infliger des pénalités à des parlementaires peu assidus ? Pourquoi les partis qui font régulièrement leur grand numéro sur l'enjeu démocratique du travail législatif ne choisiraient pas d'exclure d'une investiture les sortants qui n'ont pas réalisé un minimum de travail? Certes, on peut juger que le critère purement quantitatif devrait être complété par des éléments qualitatifs, mais tout de même à qui fera-t-on croire qu'un député intervenant une ou deux fois par an contribue à la vitalité démocratique. Le site Lesinfos.com note tout de même qu'une cinquantaine de députés sont intervenus moins de dix fois en trois ans. Presque 10% de l'hémicycle qui ne sert à rien en termes de production législative, cela pose tout de même question...

    2/ Même si cette explication est partielle, la question du cumul des mandats se pose évidemment. On remarquera, par exemple, que plusieurs présidents de région semblent absents des débats parlementaires. Jean-Jack Queyranne (Rhône-Alpes) n'est intervenu qu'à huit reprises, ses homologues de PACA (Michel Vauzelle) ou d'Aquitaine (Alain Rousset) n'ayant fait entendre leur voix qu'une trentaine de fois. La même remarque pourrait s'appliquer à des présidents de département (Claude Bartolone, 30 interventions) ou à des maires de grandes villes comme Pierre Cohen (Toulouse, 18) ou Michel Destot (Grenoble, 23). Si ces grands barons ne veulent rien lâcher, histoire de mieux contrôler leur territoire, il faudra bien que la loi leur apprenne à être raisonnable.

    3/ Comment les citoyens peuvent-ils être informés de la réalité du travail de son parlementaire? La plupart proposent à leurs électeurs des bulletins d'information qui recensent leurs faits et gestes. Mais bon, on imagine mal ceux-ci expliquer pourquoi leur honorable élu n'est présent qu'une ou deux journées par semaine à Paris, sachant que sur ce temps, il a souvent des rendez-vous dans les administrations centrales pour régler des problèmes locaux. Le drame – car la nature humaine est complexe -, c'est que bien des électeurs sont honorés de voir leur parlementaire pour la remise de je-ne-sais quelle médaille ou pour l'inauguration du dernier rond-point (bien souvent inutile). Si la chose se passe en semaine, notamment les mardi, mercredi et jeudi, jours de travail à l'Assemblée, ils devraient plutôt leur demander pourquoi ils ne sont à Paris pour faire la loi ou contrôler l'exécutif. Lorsque ce critère d'assiduité parlementaire sera déterminant dans le choix des électeurs, peut-être qu'un certain nombre de politiques qui veulent durer changeront de comportement et honoreront le mandat pour lequel ils ont été élus.

    1. Une fois encore, on peut se demander pourquoi les sites internet sortent cette info intéressante pour le citoyen, mais pas les quotidiens dits de référence.

    2. On a exclu de ce classement les parlementaires arrivés en cours d'année, notamment lors de remaniement ministériel.

  • Comment faire face à la guerre des marchés?

    Revenons aux choses sérieuses. Ces dernières semaines, avec les rumeurs sur la santé du couple Sarkozy, la surenchère du pouvoir sur l'interdiction de la burqa, sans oublier l'épisode tragico-comique autour du « polygame de Nantes », la France s'est bien « amusée ». Finie la diversion, la dure réalité est là: la zone euro est menacée d'un danger mortel suite à la crise grecque (non réglée à ce jour) et la spirale dépressive sur lesmanif Grèce.jpg marchés européens. Ajoutez à cela, la colère populaire face aux solutions de sortie de crise. En effet, la potion imposée par les Européens - en particulier les Allemands - aux pauvres Grecs risque non seulement d'enfoncer le pays dans la récession, mais de créer une situation quasi-insurrectionnelle dans un pays affecté voici deux ans par de graves émeutes de la jeunesse. Les Hellènes auront bien du mal à comprendre pourquoi les responsables du camouflage de l'état catastrophique des finances ne sont pas inquiétés et pourquoi les « partenaires » européens qui les ont traité de tous les noms (« fainéants », « incapables », etc.) font payer une potion aussi amère à un peuple qui a subi cette impéritie économique.

    Le risque de contagion est réel dans tout l'espace euro et il n'est pas dit que notre pays qui se croit toujours protégé du pire, échappera longtemps à la bourrasque monétaire. Voici peu, des esprits savants dont on a du mal à savoir s'ils croient en ce qu'ils disent ou s'ils nous intoxiquent consciemment nous expliquaient que la crise était derrière nous et que la sacrosainte reprise interviendrait courant 2010. Non seulement cette perspective semble écartée, au moins pour cette année, mais la crise économico-financière pourrait avoir des conséquences beaucoup plus lourdes pour le Vieux Continent qu'elle n'en eut pour le Nouveau Monde.

    Tout le monde s'agite beaucoup, bien qu'avec retard, autour du plan de sauvetage de la Grèce, mais la question de fond qui est posée est de plus grande ampleur: comment reconstruire une économie qui s'appuie sur la création de richesses utiles et écolo-compatibles et non sur les humeurs de quelques dizaines de milliers de spécialistes de la finance internationale (traders, agence de notation, banquiers d'affaire...)? Comment les politiques, tout juste bons à agiter leurs petits bras et à faire des discours ronflants, peuvent-ils un tant soit peu réguler un système qui leur échappe totalement? On ne peut pas trouver aucune solution durable si les pays ne se mettent pas autour de la table pour trouver des règles qui s'imposent à tous, si on n'accouche pas d'un nouveau Bretton Woods, comme après la Seconde guerre mondiale.

    Il faut retrouver de la raison dans un champ économique où n'existent que rumeurs, spéculations et cupidité. Pour retrouver le sens des réalités et des solidarités, une gouvernance mondiale est indispensable. Cela ne peut pas être assuré par les banquiers du FMI dont la responsabilité est déjà lourde pour avoir appliqué à la lettre la doxa libérale sur la reprise par la purge. Il est tout de même frappant d'observer qu'à la moindre crise régionale dans le monde, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit, débouchant parfois sur des résolutions importantes, alors que depuis le début de la crise voici presque deux ans, deux réunions du G20 ont été organisées débouchant sur de vagues résolutions, mais pas sur la création de règles contraignantes d'harmonisation économique. Sans évolution majeure dans les règles du jeu économique mondial, on va vers des catastrophes majeures, en Europe mais aussi au Japon et bien sûr aux Etats-Unis (deux pays sur-endettés). Mais voilà, les Etats ne veulent pas se dessaisir d'un pouvoir qu'ils n'ont plus depuis belle lurette, histoire de sauver la face. Ou alors, hypothèse plus cynique, ils sont trop liés aux milieux financiers pour engager une guerre contre eux.Merkel, Sarko.jpg

    En l'absence de grand chantier mondial, les Européens vont continuer à jouer les pompiers pour des économies en naufrage cherchant à emprunter sur les marchés internationaux à des taux extravagants pour sauver ce qui peut l'être. Après la Grèce, à qui le tour?

  • Pourquoi tant de violences en politique ?

    Guerre ouverte entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Attaque de Bernard Accoyer contre Jean-François CoVillepin - Sarko.jpgpé. Compétition sans merci entre Martine Aubry et Ségolène Royal. Opposition forte entre Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot. La politique est monopolisée, ces derniers temps, par des affrontements souvent musclés entre des hommes et des femmes qui sont, théoriquement, dans le même camp. La chose n'est pas nouvelle – pensez aux oppositions Chirac / VGE et Mitterrand / Rocard par exemple. Mais elle revêt de plus de plus une dimension obsessionnelle comme s'il fallait s'affirmer par rapport à celui qui est politiquement proche de soi. Tous les coups, toutes les allusions (notamment à la folie supposée de son rival) sont permis On est assez loin d'une éthique démocratique qui suppose un respect mutuel. On est plutôt dans l'étalage quotidien de la haine.

    Quelles conséquences cela a-t-il sur l'espace politique? Soyons clair: cela contribue encore à assombrir le blason d'une sphère fortement discréditée. Pour de nombreux concitoyens, non seulement les politiques mentent allègrement et manquent de courage, mais ils se conduisent comme des gamins insupportables, se chamaillant et incapables de se maîtriser. Dans une société où le « moi je » règne en maître et où se banalise la violence, il y a un besoin fort de préserver un espace ouvert qui obéisse à d'autres règles. Qui valorise l'intelligence et l'art de la conviction sur les ficelles faciles de la démagogie et de l'humiliation de l'autre. Mais quand un président de la République traite un citoyen de « pauv'con », quand le principal parti d'opposition se déchire lors d'uAubry - Ségo.jpgn congrès, s'accusant mutuellement de tricherie, quand un socialiste change de camp en pleine campagne présidentielle et reprend à son compte les thèmes auparavant honnis de l'identité nationale et de la chasse aux immigrés, on « trivialise » la politique; on en fait simplement un objet marchand puisque tout s'achète et que toutes les valeurs sont fonction du contexte et des opportunités.

    Cette affaire est grave car le politique n'a plus aucune légitimité à s'opposer à la montée des violences. Comment rendre crédibles les discours sur le « vivre ensemble », sur les voies pacifiques de résolution des conflits quand le « spectacle » de la politique n'obéit qu'aux lois de la trahison et du cynisme? Comment le Premier des Français peut-il donner envie d'entraîner le peuple dans son exhortation de la tolérance et de l'écoute des autres (message de voeux 2010) quand lui-même poursuit avec obsession l'idée de se venger d'un ancien Premier ministre? Comment faire évoluer la réflexion de certains jeunes embués dans la violence qui sont persuadés d'être victimes d'un complot dirigé contre eux, quand un conseiller de l'Elysée brandit cet argument à propos d'une vague et banale rumeur d'adultère? Bien des politiques qui font et défont les carrières devraient penser à l'image qu'ils donnent. Ils n'ont pas conscience, les malheureux, qu'ils sont en train de scier la fragile branche sur laquelle ils évoluent.

    Dans la sphère politique, il existait un courant qui semblait préservé des affres de la violence destructrice. Les Verts entendaient ainsi « faire de la politique autrement », respecter les personnes et ne s'opposer que sur des idées. Si tant est que cela ait un jour existé, il faut dire tranquillement que ce temps est révolu. Le mois qui a suivi la bonne perfoDuflot - Dany.jpgrmance d'Europe écologie a été marqué par des affrontements internes d'une rare violence entre les camps Duflot et Cohn-Bendit. Au centre des « débats », la question de la transformation des structures et l'éventuelle dissolution des Verts dans un ensemble plus vaste. Un ami arrivé récemment à Europe écologie me racontait l'avalanche de mots assassins qu'il a entendus et parfois endurés (« Je vais t'écrabouiller »...). Curieux scénario d'un mouvement qui se déchire alors qu'il est, à la différence de l'UMP ou du MoDem, dans une phase ascendante.

    Il n'y a pas d'explication simple à cette dégradation des moeurs en politique (même s'il faut se garder d'idéaliser le passé). Peut-être faut-il y voir la conséquence de cet affaiblissement prodigieux des références idéologiques, qui a libéré l'affirmation des ambitions personnelles. Plus de tabou, par exemple, à dire deux ans avant l'échéance, qu'on est candidat à l'Elysée! Les partis ne sont plus, pour certains de ses responsables, qu'un espace destiné à la conquête du pouvoir. La réflexion peut attendre ou alors elle est sous-traités à des thinks tank ou laboratoires internes.

    Dans ce contexte, la décision de communistes critiques (comme Patrick Braouezec) de quitter leur parti pour imaginer de nouveaux lieux politiques et la proposition de Dany Cohn-Bendit d'organiser Europe écologie sous la forme d'une coopérative (reste à en préciser les contours...) sont des initiatives intéressantes pour réfléchir à un dépassement de la forme « parti » qui s'est transformé en simple machine électorale.

  • Ce que cache "l'affaire Mélenchon"

    Une polémique a envahi ces derniers jours la Toile. Elle fait suite à la diffusion d'une vidéo amateur dans laquelle Jean-Luc Mélenchon cloue au pilori un étudiant en journalisme qui a eu le malheur de l'interroger sur la Une du Parisien, entre les deux tours des régionales, consacrée au débat sur la réouM.jpgverture des maisons closes. Le leader du Parti de gauche ne comprend pas pourquoi l'interviewer (qu'il traite de « petite cervelle ») l'interroge sur cette affaire (qui « n'intéresse aucune personne de son quartier », dixit Mélenchon) alors même que le pouvoir s'est pris une claque aux élections et que la colère sociale gronde. Pour lui, cette question traduit le refus des médias de voir les « vrais-enjeux-qui-intéressent-les-gens » en s'excitant sur des sujets marginaux ou exotiques (1).

    Depuis une dizaine de jours, cette mini-affaire a suscité un intense débat sur tous les forums et blogs. Une bonne partie des commentaires - tout en désapprouvant les excès du langage « mélenchonien » - partagent ses critiques sur le côté moutonnier et superficiel des médias. Lesquels montent en épingle cette affaire et se défendent de façon souvent maladroite, empreinte de corporatisme. Comme l'époque est difficile pour les journalistes (médias en crise, concurrence d'internet, appauvrissement culturel...), le « milieu » a tendance à réagir sans vraiment aller au fond des choses.

    Le fond des choses, c'est quoi? C'est qu'une majorité de citoyens ne se reconnaissent plus dans le type d'infos qu'on leur propose. Ils sont persuadés que les médias ne disent pas la vérité, parce qu'ils sont aux mains de grands groupes, et ne s'intéressent pas aux sujets qui font le quotidien des gens. Lors de nombreux débats auxquels j'ai participé ou que j'ai animés, des questions sont revenues régulièrement sur ces thèmes, laissant entendre qu'il existerait un complot des médias pour taire des vérités dérangeantes. Ma réponse a été invariablement de réfuter cette thèse saugrenue et de mettre sur le compte du manque de journalistes dans les rédactions, de la prégnance de la logique de communication et des pressions de certains actionnaires pour expliquer les erreurs.

    Cette réponse est incomplète. La question qui nous est posée est celle de la hiérarchie de l'information. Qu'est ce qui fait que trois faits divers sanglants démarrent un journal télévisé, que l'affaire des rumeurs autour des problèmes supposés de conjugalité entre M. et Mme Sarkozy occupe tant de colonnes (alors que la presse dit être dans la retenue)? Ce sont des choix faits par des directeurs de l'infos ou des rédacteurs en chef. Ils s'expliquent souvent par la recherche de l'audience, par la volonté de faire comme les autres et aussi, disons-le, par une certaine paresse intellectuelle, par un manque de curiosité qui fait aller au plus facile. Voilà pourquoi on peut retrouver à deux-trois semaines d'intervalle le même sujet, le même portrait dans des gazettes différentes.

    Pour ce qui est de la chose politique, les personnes interrogées dans les partis sont à peu près toujours les mêmes. Au PS, vous avez les inévitables propos de Cambadélis, Bartolone, Moscovici, Harlem Désir, Valls ou Hamon (lui est porte-parole). Pour un article sur les écologistes, vous retrouverez immanquablement le point de vue de Mamère, Cochet, Placé ou Cohn-Bendit. Dans le Parti de gauche, c'est plus simple mais un peu monotone: vous avez Mélenchon et toujours Mélenchon. D'ailleurs, les journalistes impertinents devraient demander à celui-ci pourquoi son parti ne fait pas émerger de nouvelles têtes. Culte de la personnalité?

    De façon très symptomatique, personne dans la presse ne s'est intéressé à la façon dont ont été recomposées les listes entre les deux tours des régionales. En Ile-de-France, comme je l'avais noté dans un précédent post, des candidats associatifs ont été éjectés des listes Huchon ou placés en position inéligible; des apparatchiks du PS, du PC, du Parti de gauche et des Verts ont atterri dans un autre département pour se faire élire (j'ai recensé tous ces cas de parachutage d'entre-deux-tours). Toutes ces pratiques, ces petits coups bas qui mettent à mal l'esprit de la démocratie sont trop rarement pointés et dénoncés par les médias qui apparaissent dès lors comme complaisants vis-à-vis des appareils. C'est peut-être la contrepartie pour avoir des informations auprès de ces mêmes appareils, mais cela commence à se payer très cher.

    Pour retrouver du crédit, il ne sert à rien pour la presse de se déchaîner sur un tribun plébéien, comme il se définit modestement, mais il lui faut prouver qu'elle est vraiment indispensable au débat démocratique. Par moment, reconnaissons-le, on peut en douter sérieusement...

    1. Lire son argumentaire sur son blog www.jean-luc-melenchon.fr/