Que dire de Philippe Séguin quelques heures après l'annonce de son décès suite à une (assez prévisible) crise cardiaque? En lisant les articles relatifs à son parcours politique, il me semble que c'était un Martien dans le monde politique. Il prenait à contre-courant les modes de son temps et la droite française très conformiste. Sur le traité de Maastricht, il s'opposa courageusement au consensus quasi-général autour d'un
texte qui était loin d'être satisfaisant (en misant tout sur l'ouverture des marchés et pas grand-chose sur l'union politique). Par rapport à l'UMP, il a dit tout le mal qu'il en pensait et en a tiré les conséquences en se retirant de la vie politique. A la tête de la Cour des comptes, il ne ménagea pas ses critiques en direction des dérives financières du pouvoir (voir le rapport de juillet 2009 sur l'Elysée faisant apparaître des dépenses personnelles de Nicolas Sarkozy prises en charges par la République et le faramineux budget consacré aux sondages).
Homme de convictions, volontiers excessif, Philippe Séguin était, par ailleurs, un piètre tacticien. En 1995, lui qui avait inspiré la thématique (gagnante) sur la fracture sociale s'était fait « voler » le poste de Premier ministre par un Alain Juppé plus docile. En 2001, il avait pris la tête de façon catastrophique de la droite parisienne engluée dans les dérives de l'ère Chirac-Tibéri. A la différence de beaucoup de politiques, il accordait plus d'importance à ses principes qu'à son plan de carrière. Il avait ainsi démissionné de son poste de président du RPR en 1999, se trouvant de plus en plus en décalage avec l'évolution du parti néo-gaulliste.
Sans le dire ouvertement - devoir de réserve oblige-, le style de Nicolas Sarkozy, l'apologie de la loi d'argent lui étaient particulièrement désagréables (il avait d'ailleurs décliné des offres de postes ministériels). Le plus cocasse dans cette histoire, c'est que le Premier ministre de Sarkozy, François Fillon, a longtemps été considéré comme un proche de Séguin..
En réfléchissant à ce parcours singulier, il me vient une comparaison qui ne fera pas plaisir à tous: Philippe Séguin était un peu le Ro
card de la droite. Franc-tireur, attaché au rôle de l'Etat, anticonformiste, souvent individualiste... il s'est heurté à la quête effrénée du pouvoir portée par un Chirac, comme Rocard l'avait été de la part de Mitterrand. Tous deux ont été incompris de leur parti, souvent ostracisés. Ils avaient l'étoffe pour assumer le pouvoir élyséen, mais d'une certaine manière, ils n'étaient pas fait pour la fonction quasi-royale de Président de la République qui s'accommode mal avec la liberté de penser.
Michel Rocard s'est exprimé publiquement en regrettant l'élection au suffrage universel du Président de la République – qui polarise toute la vie politique. Philippe Séguin n'a rien dit là-dessus (à ma connaissance), mais il n'est pas impossible qu'il voyait les dégâts sur l'esprit démocratique produit cette élection du « Premier des Français ». Ce ne serait pas le moindres des paradoxes de ce gaulliste acharné qui s'en va à 66 ans.
che vis-à-vis de toutes les critiques, même venant de son camp, peut se retourner contre lui; son incapacité à laisser travailler l'équipe gouvernementale, sa tendance à court-circuiter les annonces ministérielles l'exposent à toutes les critiques (d'où son différentiel de popularité avec son Premier ministre). En outre, Nicolas Sarkozy va devoir prendre garde à la schizophrénie de sa politique: il donne des leçons de régulation et de moralisation du capitalisme au monde entier, y compris à Barack Obama, mais sa politique intérieure est loin d'être exemplaire à cet égard. Pourquoi s'obstiner à déréguler certains services publics? Pourquoi laisser se goinfrer les grands patrons, comme on l'a vu avec l'affaire Proglio (le nouveau patron d'EDF qui entend conserver son traitement de Veolia)? La question de la cohérence entre le « dire » et le « faire » est une nouvelle fois posée chez le Président. Si, comme c'est probable, les difficultés économiques et sociales s'aggravent en 2010, ce grand écart risque d'être de plus en plus insupportable.
ourtant entendues sur le papier: il n'était pas question d'investir le président sortant, le fantasque George Frêche, exclu du PS à la suite de propos racistes, notamment sur les harkis. Dans l'esprit de Solférino, le septuagénaire, passablement fatigué, devait laisser la place à la relève socialiste. Sauf que l'appareil local entièrement contrôlé par les proches du président sortant a tout fait pour remettre en selle le mal-nommé Frêche.
ique et de rapports assainis avec l'argent est de plus en plus pressante dans la société? Europe écologie qui dispute en Ile-de-France la première place au PS et le parti de gauche de l'ex-copain à « Juju », Jean-Luc Mélenchon, vont faire leur beurre de ses (petites) entorses avec la morale politique (d'autant que le président sortant, Jean-Paul Huchon, a été condamné voici un an à du sursis dans une affaire de prise illégale d'intérêts).
mme on le sait, le conseil fédéral de l’Essonne a rejeté sa candidature, en se donnant la possibilité de le réintégrer au cas où il serait « blanchi » par la justice. Le malaise vient du fait que le député et vice-président de la région Ile-de-France n’a pas été jugé (donc pas condamné), ni mis en examen suite à l’enquête préliminaire qui le concerne dans des affaires financières. Le malaise s’accroît quand on sait que le président sortant de la région, Jean-Paul Huchon, condamné en novembre 2008 à six mois avec sursis pour prise illégale d’intérêts (son épouse avait bénéficié d’un emploi fictif), a été autorisé par ses camarades à conduire la liste dans les Yvelines et à postuler à sa propre succession. Deux poids - deux mesures ?