A quoi peut encore servir le congrès du parti socialiste qui aura lieu dans la cité rose dans moins d'un mois ? Poser cette question, c'est s'interroger sur l'impossibilité pour ce parti d'affronter les affres du pouvoir. Par deux fois (dans les années 80 ; entre 1997 et 2002), le PS a contrôlé, la plupart du temps avec une majorité absolue à l'Assemblée, le pouvoir central. Le parti est devenu alors une chambre d'enregistrements, incapable de mettre en garde sur les dérives d'un Mitterrand se délectant des intrigues du pouvoir. On a vu ce que cela avait donné, avec la faillite morale, l'échec économique et la bérézina électorale (en 1993, les socialistes ont moins de 100 députés).
En 1997, le contexte est assez différent puisque la gauche gouverne avec un président de droite (Jacques Chirac). Lionel Jospin transmet les rênes du parti à un jeune poulain promis à un bel avenir, François Hollande. Lequel va passer les cinq années à esquiver tout débat. Même en 2000, lorsqu'on s'engage sur la voie contestable de la réduction de la fiscalité, même lorsqu'on négocie une seconde loi Aubry sur la réduction du temps de travail faiblement créatrice en emplois, le parti se tait, laissant juste quelques râleurs exprimer leurs critiques. Il ne faut pas gêner le camarade Lionel pour l'emporter lors de la grande explication de 2002. On se rappelle de la suite : Lionel dépassé par Le Pen, le sursaut républicain autour de Chirac et puis 10 années d'opposition...
A même scénario, même résultat ? Difficile de savoir si l'échec sera au rendez-vous, mais en tout cas, on reprend les mêmes et on recommence. Au sommet, on règle, non sans loupés, la succession de Marti
ne Aubry, choisissant un apparatchik qui a pu faire rêver un temps (il n'était pas Désir pour rien) et qui s'est aménagé une petite carrière à Solférino. Dans cette affaire, au motif que le dernier congrès avait donné lieu à un méchant cafouillage, on dit gentiment aux militants qu'on se passera de leur avis pour la désignation du nouveau premier secrétaire. On vous a bien mobilisés pour la primaire de l'automne 2011 ; on a fait rêver quelques millions de Français sur le renouveau de la politique. Et puis patatras, la victoire tant attendue débouche sur un scénario digne du parti communiste à son heure de gloire où tout se réglait dans les sous-sols du bunker de la place du colonel Fabien. Chassez le naturel...
A quoi sert normalement le congrès d'un parti politique? Outre la désignation des instances dirigeantes, il vise à organiser un débat ouvert, à mettre en débat différentes thèses. Même si les orientations prises par le parti ne s'imposent aux gouvernants, elles permettent de sentir ce qui monte comme aspirations et d'être vigilant par rapport aux dérives (inévitables?) de l'exercice du pouvoir. En clair, un parti qui débat, qui propose et qui marque parfois ses différences doit permettre de ne pas se retrouver "à poil" face aux désarrois populaires. Un parti qui fonctionne n'est pas une entrave à l'exercice des responsabilités, mais joue le rôle de vigie, de boussole.
A quoi va-t-on assister courant octobre ? A un simulacre de débat entre une motion ultra-majoritaire qui épouse tout l'arc-en-ciel socialiste et 3 ou 4 petites motions qui rassembleront entre 2 et 10 % des suffrages des militants. Le Premier ministre, en bon petit soldat d'une Hollandie qui a décidément bien du mal à sortir de la vision de la Mitterrandie, s'est escrimé, avec succès, à rassembler tout le monde, de Hamon à Valls en passant par Montebourg et Peillon, sur un texte qui ressemble à de l'eau tiède. Comment penser que le représentant de l'aile de gauche (Hamon) partage le point de vue de l'aile plus à droite qu'incarne, avec talent, le ministre de l'Intérieur? Comment croire que les amis de Aubry qui croient au développement durable et à la conversion écologique de l'économie ait tant de points communs avec le ministre du Redressement productif qui joue la partition d'un Chevènement? Pourquoi refuser que ces divergences soient débattues, fassent l'objet d'une explication ? On a peur d'effrayer les Français comme s'ils n'avaient pas compris que le PS regroupe des sensibilités différentes et que le débat interne est plutôt sain. Méthode Coué, quand tu nous tiens...
Comme on pouvait s'y attendre, la rentrée du gouvernement est difficile. Les cotes de popularité sont en chute libre ; les tensions avec les Verts menacent l'éuilibre interne ; la gauche de la gauche mobilise contre le traité européen qui ressemble peu ou prou au texte négocié en début d'année par Nicolas Sarkozy. Là aussi, on peut expliquer qu'il en va de la survie de l'espace européen et que cela mérite bien quelques entorses aux convictions de gauche. Mais ne faisons pas croire que, dans un contexte dominé par les partis de droite, Hollande, avec ses petits muscles, a inversé le cours de la construction européenne. Sans doute a-t-il obtenu quelques aménagements à la marge, mais là encore, cela mérite débat. A enfouir systématiquement les désaccords sous le tapis, le PS doit s'attendre à ce qu'ils se transforment en bombe à retardement. Une fois encore, l'exercice du pouvoir risque d'annihiler toute lucidité et tout discours de vérité. Dommage !
e de la droite et du... Front de gauche, a laissé place à un inquiétant attentisme. La cote de popularité de l'exécutif est déjà très dégradée alors que rien de sérieux (et de très impopulaire) n'a été décidé. Que deviendra-t-elle dans deux mois si la tonalité de la nouvelle majorité se fait plus « churchillienne » avec des efforts importants, pas simplement pour les « plus riches »?
éenne et son rôle de la guerre libyenne. En l'occurrence, il n'aurait pas été totalement déplacé que Hollande interrompe ses vacances à Brégançon pour essayer d'enclencher une mobilisation mondiale en faveur du peuple syrien. Si une intervention militaire est une idée assez grotesque, l'attentisme de la communauté internationale (au motif que la Chine et surtout la Russie bloquent toute résolution à l'Onu) est scandaleuse. Hollande aurait pu sonner le tocsin, il ne l'a pas fait. Dommage !
voire injuste, il comportait une part de vérité. Lorsqu'on fait une campagne sur le thème « le changement, c'est maintenant ! », on prépare pour les premières semaines des mesures fortes qui vont marquer les esprits. Là rien ou pas grand-chose de marquant (le rétablissement de la retraite à 60 ans pour les travailleurs ayant commencé tôt ne concerne que quelques dizaines de milliers de personnes). D'ailleurs, les observateurs ont noté que peu de textes étaient prêts pour la session extraordinaire au Parlement de juillet...
succédé à Ségolène Royal comme députée dans les Deux-Sèvres) ainsi que l'arrivée à l'Agroalimentaire de Guillaume Garot (député-maire en Mayenne et l'ancien porte-parole de "Ségo") étaient des signes envoyés à celle qui fut la compagne du président de la République. Ces appréciations tout à fait plausibles (et assez désagréables pour les deux personnes susnommées) traduisent un vrai malaise dans la majorité.
re de la hauteur, ne poussent à la sérénité. Peut-être faut-il en prendre son parti et s'habituer à ce fait : les hommes (ou femmes) politiques sont un peu comme tout le monde, souvent empêtrés dans leurs histoires de couples et de libido. Dans ce cas-là, la Ve République, taillée pour un homme aussi exceptionnel que de Gaulle, doit être revue dare-dare, pour accentuer les contre-pouvoirs et limiter les faits du prince (ou de la princesse).
souvent très déstructurés, suppose de les stabiliser, d'éviter de les balloter d'un lieu à l'autre pour qu'ils ne replongent dans l'enfer de la rue. Quoi que dise la ministre, une partie de ces SDF actuellement hébergés va se retrouver à la rue, l'autre navigant d'un hôtel à l'autre (solution d'ailleurs très coûteuse). Selon des estimations assez crédibles, il fallait trouver 10 millions d'euros pour péréniser des centres d'urgence toute l'année. Et bien, manifestement, malgré les efforts de l'ex-patronne d'EELV, on ne les a pas trouvés !
le claquement de porte – pas si inattendu que prévu – de Martine Aubry qui se voyait déjà à Matignon. Il a fallu, dès lors, revoir toute l'architecture gouvernementale. Sans doute, telle ou telle femme doit-elle sa présence autour de la table – chargée – du conseil des ministres à la décision de la première secrétaire du PS de se retirer dans son double fief de Lille et de la rue Solférino (Harlem Désir va devoir encore patienter avant de prendre sa place...).
était une figure de la SFIO puis du PS d'Epinay, et surtout était le patron du Nord. Là, 31 ans plus tard, c'est un des ténors du PS, de l'Assemblée (espérons que ce soit un bon signe pour les députés) et surtout le maire de la plus grosse ville de l'Ouest.
première fois, avec Fleur Pellerin, une ressortissante asiatique). Pour autant, aucun d'entre eux n'a de poste particulièrement en vue, sauf Najet Belkacem, porte-parole du gouvernement. Attention à ne pas en faire des gadgets ou des ministres alibis ! On regrettera également qu'aucune personne souffrant d'un handicap n'ait été retenu dans l'équipe Ayrault I. Mais il reste Ayrault II, après les législatives, pour se ratrapper...
les premiers pas de celui qui était voici trois ans (avant les européennes où il bénéficia de l'effet Cohn-Bendit) journaliste à Alternatives économiques et qui aujourd'hui anime