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10 mai - Page 37

  • Européennes: quand ça veut pas...

    UMP.jpgEvènement juste avant le long pont du 8 mai et 48 heures avant le meeting commun Merkel-Sarkozy. Le principal parti français, l'UMP, a communiqué la composition de ses listes pour les élections européennes de début juin. Le parti de notre hyper-Président n'est pas tout à fait seul puisqu'il est associé à trois « partis frères »: le Nouveau centre (vous savez, ceux qui ont quitté le navire Bayrou pour aller à la soupe gouvernementale), la Gauche moderne (l'oeuvre de Jean-Marie Bockel, ministre débarqué de la Coopération transféré aux Anciens combattants – le « moderne » associé aux « Anciens combattants », il fallait y penser...) et les Progressistes (patronnés par l'expulseur-en-chef, notre ami Eric Besson).

    Evènement, écrivais-je, car toutes les autres formations politiques, y compris les allumés-anti-sionistes-cache-sexe-de-l'antisémitisme conduits par « l'humoriste » Dieudonné, avaient déjà communiqué, souvent depuis plusieurs semaines, la composition de leurs listes. Alors pourquoi cela a tant traîné dans le parti hyper-présidentiel? Serait-il mal organisé? Serait-ce parce que les partenaires s'affrontaient durement sur le type d'Europe à proposer aux Français? Se disputaient-ils pour savoir s'il fallait maintenir à son poste de patron de la Commission le sémillant Barroso? Non, vous n'y êtes pas, les choses sont beaucoup plus sérieuses. Le retard impressionnant pris pour publier la composition des listes « Quand l'Europe veut, l'Europe peut » (c'est leur nom) était lié aux interminables arbitrages entre le géant UMP et les groupuscules majorité présidentielle et surtout avec l'Elysée qui, comme d'hab', voulait tout contrôler. Le « pôvre » Jean-Claude Gaudin, qui présidait cette interminable commission d'investiture, s'est arraché ses derniers cheveux, avant d'aboutir à ce résultat.

    Certes, l'identité des deux premiers candidats des listes présentées dans les sept grandes circonscriptions était connue depuis fin janvier. Avec par exemple, le duo de choc francilien Barnier-Dati... En gros, la bagarre portait sur le nom du troisième, voire du quatrième, de la liste, tous deux en bonne position pour être envoyé au Parlement européen. Avec la parité, les choses sont simples, du moins apparemment : si les deux premiers sont un homme puis une femme, un homme sera au 3e rang et une femme au 4e (et inversement si une femme conduit la liste, ce qui ne se produit que pour deux des sept circonscriptions dans le Sud-Est et en Outre-Mer).

    Des hommes qui se piquent d'Europe dans la majorité présidentielle, cela ne manque pas. Les bagarres ont été féroces pour la troisième place stratégique, chacun des ténors poussant son protégé. Après, allez savoir sur quels critères ont été choisi tel(le) ou tel(le) pour la troisième place ? Pourquoi « Arnaud Danjean (Saône-et-Loire) » (il est présenté ainsi, sans autre titre, dans le communiqué de presse) se retrouve troisième sur la liste Grand-Est alors que « Benjamin Delevey (Marne), conseiller municipal de Reims » est cinquième, donc non éligible? Le sieur Danjean est-il plus méritant, connaît-il mieux les rouages européens que le sieur Delevey? Serait-ce parce que la région du premier (la Bourgogne) pèse électoralement plus que celle du second (Champagne-Ardennes)? Mystères et boule de gomme.

    Mystère également que la présence en quatrième rang en Ile-de-France - une place éligible si l'UMP fait un score honorable - de Marielle Gallo, proposée par Gauche moderne, le groupuscule de Bockel (vous savez celui que Sarko a envoyé en pénitence aux Anciens combattants après avoir été un peu trop combattant sur la Françafrique). Mme Gallo est la femme de M. Gallo (jusque-là tout est normal), l'un des romanciers les plus prolixe sur la place de Paris, ex-mitterrandiste, ex-chevènementiste, toujours sarkozyste. On aimerait savoir si celle qui figure sur la liste conduite par le très europhile Michel Barnier partage les convictions très eurosceptiques de son mari (à moins qu'il ait changé d'avis depuis). Evidemment, on se gardera bien de faire un rapprochement entre le ralliement de monsieur au panache de notre petit Bonaparte et la bonne place accordée à madame. Ce ne serait qu'insinuations gratuites...

    On évitera également de se demander pourquoi le sortant reconnu pour sa compétence, Alain Lamassoure, se retrouve troisième dans la région Sud-Ouest – à une place très incertaine – alors que Dominique Baudis, ex-présentateur de JT, ex-député-maire de Toulouse, ex-président du CSA, actuel président de l'Institut du monde arabe, est tête de liste? Le premier serait-il trop compétent, pas assez « glamour », pas assez soutenu par le Château (l'Elysée)? Le second s'est-il découvert une passion soudaine pour la construction européenne ou rêve-t-il d'un retour sur la scène politique française? On se perd en conjectures et on se dit qu'à tout bien peser, les voies du Seigneur sont moins impénétrables que celles de « Quand l'Europe veut, l'Europe peut ».

    PS: La composition des listes ayant donné lieu à d'autres curiosités sur l'autre rive, côté socialistes, nous y reviendrons dans un prochain post.

  • En mai, fais ce qu'il te plait...

     Encore un qui se met à faire un blog... Et en plus, il veut nous parler de politique... Il se prend pour Apathie ou pour July... J'avoue tout: oui, je démarre ce 10 mai un blog essentiellement politique. Pas à la manière de mes brillants confrères qui abordent la vie politique essentiellement sous l'angle des bisbilles internes et des écuries présidentielles. Sauf exception, je n'ai accès qu'à très peu de secrets (y compris d'alcôve puisque cela plait beaucoup) et il y aura donc très peu de scoops à se mettre sous la dent.

    Ce qui m'intéresse à travers ce blog, c'est d'explorer très librement la question du désamour vis-à-vis de la politique. Pourquoi cette activité essentielle à la vie d'une démocratie est-elle si mal perçue, si souvent associée au mensonge, à la trahison et à la bassesse? Pourquoi un tel décalage entre les échelons locaux – comme la mairie – perçus positivement et les jeux nationaux qui suscitent, dans le meilleur des cas, haussements d'épaules et ironie?Mitterrand 10 mai.jpg

    10 mai... le choix de ce titre n'est pas tombé tout seul. Il renvoie à une date, le 10 mai 1981, qui a marqué, pour moi, mon entrée véritable dans le chaudron politique que je n'ai pas vraiment quitté depuis. Evoluant au début des années 80 dans un milieu très politisé, avec des parents engagés au parti socialiste, j'avais 14 ans quand François Mitterrand a été élu président de la République. « Changer la vie », promettait-il. La mienne a changé le soir même avec une grande fête toute la nuit et la possibilité de sécher les cours au collège le lendemain matin...

    De cette époque bénie des dieux politiques, je n'ai pas oublié grand-chose. Ni les gaffes du ministre des Relations extérieures (comme on disait alors), Claude Cheysson. Ni le renvoi du trop audacieux – aux yeux de « nos amis » de la Françafrique – Jean-Pierre Cot. Ni la « parenthèse de la rigueur » et les démissions de Jean-Pierre Chevènement. Je n'ai pas oublié non plus la cérémonie d'investiture au Panthéon – pompeuse mais émouvante -, la bataille de « l'école libre » qui emporta le courageux Alain Savary...

    J'aurais tant aimé oublier le naufrage du Rainbow Warrior qui annonça tant d'autres naufrages, moraux, financiers, humains. Comment oublier le suicide de Pierre Bérégovoy, l'ouvrier autodidacte de Gaz de France devenu Premier ministre? L'expérience de la gauche au pouvoir commençait dans la liesse et l'espérance pour se conclure dans le sang et l'odeur de « l'argent qui corrompt » (expression de Mitterrand lui-même).

    Quinze ans ont passé depuis le retour de la droite à l'Elysée. Les leçons de cette expérience politique inédite ont-elles été analysées et retenues? Pas sûr à voir le spectacle désolant qu'offre une gauche mollassonne, rabougrie et en panne d'imagination... Les caciques de l'ère Jospin cohabitent avec les jeunes loups à la langue de bois bien affutée. Les premiers font tout pour rater le rendez-vous de 2012; les seconds pensent déjà à 2017 (la présidentielle d'après) en pariant sur une réélection de Sarkozy. En attendant, le « peuple de gauche » comme on disait dans les années 80 se lamente tranquillement mais sûrement.

    Ce besoin de gauche, d'inventivité et de renouveau sera une des lignes-force de ce blog qui veut contribuer, évidemment modestement, à redonner corps à la réflexion politique. La question du leadership – qui obsède tant mes chers confrères et tant de responsables politiques – me semble prématurée: la gauche souffre davantage d'une colonne vertébrale défaillante et d'organes vitaux affaiblis que d'une absence de tête. Alors place aux libres réflexions qui donneront à de libres réactions (tout cela sans invective ni simplisme si possible...).

    En mai (et le reste du temps), fais ce qu'il te plait pour que la gauche se porte un peu mieux.