Le parti socialiste vit un début d'année contrasté. En apparence, les signes de rétablissement de sa santé se multiplient. L'autorité de Martine Aubry semble s'affirmer (d'autant que celle de Ségolène Royal est considérablement émoussée); les régionales laissent espérer un quasi-grand chelem rose en raison de la dégringolade de la popularité du président de la République et du manque de cohésion de plus en plus net de la majorité (affaire de la Burqa, constitution des listes pour les régionales et guerre ouverte avec Villepin).Tout cela se conclut par un sondage inespéré selon lequel un candidat étiqueté socialiste (Dominique Strauss Kahn) pourrait battre Sarkozy en 2012. Le parti que d'aucuns affirmaient moribond voici quelques mois semble donc reprendre du poil de la bête. Mais attention aux illusions d'optique! Car derrière la s
cène, les coulisses du PS ne sont pas si reluisantes.
L'affaire Georges Frêche illustre l'état de déliquescence morale et politique des cadres intermédiaires du parti. Dans cette triste affaire, on peut bien sûr se demander pourquoi la direction nationale a été aussi flottante dans sa « gestion » du président sortant de Languedoc-Roussillon. Il ne fallait pas être sorti de l'ENA pour se douter que celui qui avait osé traiter les harkis de « sous-hommes » (terme emprunté au langage nazi) était capable de récidiver. Qu'il l'ait fait en direction de Laurent Fabius à qui il voue une détestation folle n'est donc pas surprenant. Mais on se demande pourquoi il a fallu attendre une remarque à connotation antisémite pour que le PS se prive de ses services.
Voilà l'appareil obligé d'introniser dans la précipitation la maire de Montpellier qui fut voici peu la protégée de Frêche avant de se rebeller. Solférino prend le risque d'essuyer un score minable lors du premier tour des régionales surtout s'il n'arrive pas à conclure un accord avec la liste Europe Ecologie, clairement anti-Frêche depuis le début. Mais si la direc
tion du PS se trouve dans ce piège, c'est parce qu'elle s'est fait embobiner par les notables locaux qui restent, dans leur grande majorité, fidèles à Frêche.
C'est bien la question de fond qui est posée au PS: comment se fait-il que des militants d'un parti qui se proclame anti-raciste et républicain n'aient pas pris leurs distances avec un personnage que ne renierait pas le Front national. Populisme habillé d'anti-parisianisme, nostalgie de l'Algérie française (ce qui lui assure des voix du côté des rapatriés), système clientéliste à côté duquel Tibéri et Chirac, du temps de la mairie de Paris, étaient des petits joueurs, mépris des électeurs (comparés à « des cons »)... voilà comment se définit depuis des années le système Frêche. Et il s'est trouvé plus des deux tiers des adhérents PS, lors du vote sur la tête de liste, pour vouloir repartir avec ce septuagénaire à la santé fragile.
On pourra toujours pointer les spécificités de cette région méridionale, se moquer des gens du Sud aux mœurs politiques si curieuses, mais ce serait se rassurer à bon compte. Quand on sillonne la France, on découvre ici ou là des potentats locaux dits socialistes qui se comportent comme des mini-Frêche. Ils ont « l'intelligence » de ne pas faire de vagues, de gérer leur fief en bon père de famille, mais ils utilisent les mêmes méthodes: cartes du parti refourguées aux employés municipaux, refus du débat et de la transparence, élimination politique des contestataires, népotisme familial. Le parti fait mine de ne pas savoir, se drapant dans les bons résultats électoraux de ces notables, mais à force de cautionner des pratiques d'un autre âge qui le privent du concours de militants sincères, il se retrouve dans une situation inextricable. Quand les excès et dérapages deviennent trop voyants qu'il faut se débarrasser d'un Mellick, d'un Frêche (liste non limitative), la direction se trouve souvent isolée face à la base locale qui, elle, soutient son élu.
Voilà comment, à force de cautionner, par silence ou lâcheté, la dérive poujado-raciste de Frêche, le PS pourrait se voir chiper la région Languedoc-Roussillon par la droite -ou ce qui serait pire pour la démocratie – devoir supporter encore une nouvelle présidence nauséabonde de celui qui s'en est pris à la « tronche pas catholique » de Laurent Fabius.
che vis-à-vis de toutes les critiques, même venant de son camp, peut se retourner contre lui; son incapacité à laisser travailler l'équipe gouvernementale, sa tendance à court-circuiter les annonces ministérielles l'exposent à toutes les critiques (d'où son différentiel de popularité avec son Premier ministre). En outre, Nicolas Sarkozy va devoir prendre garde à la schizophrénie de sa politique: il donne des leçons de régulation et de moralisation du capitalisme au monde entier, y compris à Barack Obama, mais sa politique intérieure est loin d'être exemplaire à cet égard. Pourquoi s'obstiner à déréguler certains services publics? Pourquoi laisser se goinfrer les grands patrons, comme on l'a vu avec l'affaire Proglio (le nouveau patron d'EDF qui entend conserver son traitement de Veolia)? La question de la cohérence entre le « dire » et le « faire » est une nouvelle fois posée chez le Président. Si, comme c'est probable, les difficultés économiques et sociales s'aggravent en 2010, ce grand écart risque d'être de plus en plus insupportable.
ourtant entendues sur le papier: il n'était pas question d'investir le président sortant, le fantasque George Frêche, exclu du PS à la suite de propos racistes, notamment sur les harkis. Dans l'esprit de Solférino, le septuagénaire, passablement fatigué, devait laisser la place à la relève socialiste. Sauf que l'appareil local entièrement contrôlé par les proches du président sortant a tout fait pour remettre en selle le mal-nommé Frêche.
ique et de rapports assainis avec l'argent est de plus en plus pressante dans la société? Europe écologie qui dispute en Ile-de-France la première place au PS et le parti de gauche de l'ex-copain à « Juju », Jean-Luc Mélenchon, vont faire leur beurre de ses (petites) entorses avec la morale politique (d'autant que le président sortant, Jean-Paul Huchon, a été condamné voici un an à du sursis dans une affaire de prise illégale d'intérêts).
mme on le sait, le conseil fédéral de l’Essonne a rejeté sa candidature, en se donnant la possibilité de le réintégrer au cas où il serait « blanchi » par la justice. Le malaise vient du fait que le député et vice-président de la région Ile-de-France n’a pas été jugé (donc pas condamné), ni mis en examen suite à l’enquête préliminaire qui le concerne dans des affaires financières. Le malaise s’accroît quand on sait que le président sortant de la région, Jean-Paul Huchon, condamné en novembre 2008 à six mois avec sursis pour prise illégale d’intérêts (son épouse avait bénéficié d’un emploi fictif), a été autorisé par ses camarades à conduire la liste dans les Yvelines et à postuler à sa propre succession. Deux poids - deux mesures ?