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UMP - Page 7

  • Le sarkozysme a t-il perdu la tête?

    Le sarkozysme perdrait-il le sens de la mesure? Aurait-il perdu le contact avec le pays qui lui assurait jusqu'à peu un flair incontestable? Divers événements peuvent le laisser penser.

    Bienjean Sarkozy.jpg sûr, tout le monde a en tête l'incroyable projet élyséen de mettre à la tête de l'Epad le fiston Jean. Qu'il n'ait que 24 ans n'est pas tellement le problème (sinon, c'est une prime à la gérontocratie), qu'il n'ait pas réussi à empocher le moindre diplôme universitaire n'est pas suffisant pour le disqualifier (les diplômes ne font pas forcément de bons politiques), mais qu'il n'ait que deux ans d'expérience politique – comme conseiller général d'un territoire qui ne fait pas partie du périmètre de l'Epad – est gravement problématique. On a peine à croire qu'un jour, le fiston se soit réveillé un matin en se disant à ce jeune épouse : « chérie, que dirais-tu si je devenais président de l'Epad ». L'idée vient assurément, si ce n'est du président, du moins d'un conseiller du château qui a voulu se rendre intéressant auprès du grand-chef. Que personne ne lui ait dit que cette nomination acadabrantesque du fils à papa à la tête du plus grand centre d'affaires européen risquait de choquer les Français de droite comme de gauche montre que l'esprit de cour a remplacé le sens politique.

    Beaucoup moins médiatisé, le projet de refonte de la carte des collectivités territoriales n'en est pas moins problématique. L'idée agitée par les pontes du régime, c'est que la gestion locale est beaucoup trop coûteuse, illisible et inefficace. Qu'il y ait un besoin de clarification est difficilement discutable (par exemple pour spécialiser davantage les collectivités), mais remettre en cause les acquis de la décentralisation est très dangereux. Si la qualité des services proposés à la population a augmenté considérablement depuis un quart de siècle, ce n'est pas dû à l'Etat – régulièrement épinglé par la Cour des comptes pour ses gaspillages -, mais bien à l'action des villes (et communautés), des départements et des régions. Par exemple, la question de l'environnement – dans les transports, les déchets, l'habitat, l'agriculture – a été prise à bras le corps depuis des années par de nombreuses collectivités alors que l'Etat restait très timoré en ce domaine (et l'est encore: voir la difficile traduction dans les faits du Grenelle de l'environnement).

    La volonté de faire élire des conseillers territoriaux à la fois en charge des départements et des régions pose un problème de confusion des rôles: comment peut-on défendre à la fois les intérêts des deux échelons ? Est-ce bien conforme à l'esprit de la Constitution française qi prévoir une libre administration des collectivités? Très concrètement, l'esprit régional va être fragilisé et laisser place à une âpre bataille entre représentants des départements. Croit-on ainsi améliorer la compétitivité des territoires à l'échelle européenne, comme nous le serine à longueur de temps les zélateurs zélés du sarkozysme? Tout cela sent mauvais car elle traduit la volonté du pouvoir central d'affaiblir les échelons locaux qui jouent pourtant un rôle déterminant pour amoindrir les secousses économiques.

    Et puis, il y a une autre bombe à retardement qui se prépare dans les cuisines élyséennes. Celle de changer les modes de scrutin en instaurant une élection uninominale à un tour. En clair, le candidat arrivé en tête à un scrutin (même avec 35 % des suffrages) serait élu sans attendre un second tour plus aléatoire. Ce système qui pourrait être testé en 2014 avec l'élection des conseillers territoriaux vise à protéger l'UMP. Le parti présidentiel réussit souvent le premier tour des élections, mais est handicapé pour le second en raison de son manque de réserves de voix. Ainsi, voilà donc, comment le parti de Nicolas Sarkozy entend mettre toutes les chances de son côté. Ce n'est guère brillant côté éthique (mais c'est le cadet des soucis des Sarko's boys), mais en outre, les petites magouilles et grandes combinaisons pourraient fort déplaire à un peuple français qui aime bien les rouleurs de mécaniques, mais guère les aventuriers politiques qui son obsédés par les intérêts de leur boutique.

  • Livre: triste politique !

    Panier de crabes.gifJe viens de lire le livre de Véronique Vasseur, Le panier de crabes - les dessous des campagnes électorales, qui sort ces jours-ci. Véronique Vasseur, pour ceux qui l'auraient oublié, est cet ancien médecin-chef de la prison de la Santé, à Paris, qui avait dénoncé voici une dizaine d'années le scandale sanitaire du milieu carcéral. Cette militante de l'Observatoire international des prisons raconte sa "cavale en politique", autrement dit ses deux années de militantisme à l'UMP, entre 2006 et 2008, et ses deux candidatures aux législatives et aux municipales à Paris. Ce qu'elle décrit est absolument terrifiant, non parce qu'il y aurait scandales et malversations, mais par les rapports humains qui se nouent dans le monde politique.

    Si elle est venue à l'UMP, ce n'est pas par adhésion au corpus idéologique de l'UMP (elle serait plutôt une gaulliste de gauche, si le terme a encore un sens), mais par fascination pour le candidat Sarkozy, sa volonté de faire bouger la France, y compris dans le monde carcéral bloqué de toutes parts. Sans qu'elle ne demande rien, on lui met la pression pour être candidate du parti sarkozyste et, non sans hésitations, elle se lance dans la bataille. Et alors commencent un engagement à cent à l'heure (distributions de tracts, réunions d'appartement ou publiques, permaneces) et des obstacles en veux-tu en voilà...

    D'abord, "l'ex-roi" comme elle l'appelle, Jacques Toubon, ancien député-maire du 13e, à l'époque député européen, passe son temps à lui savonner la planche pour éviter qu'elle réussisse à s'implanter localement et qu'elle lui fasse de l'ombre. Des ambitieux peu actifs sur le terrain font des pieds et des mains pour être son suppléant puis pour figurer en bonne place sur la liste des municipales. Leur tentative étant infructueuse, ils vont tenter de saboter sa campagne en répandant des vilénies sur son compte. La fédération de Paris et le siège national sont aussi passablement égratignés pour lâcher dans la fosse aux lions une candidate issue de la société civile sans véritable soutien. Quant au Parti radical auquel elle adhère, il va finir par l'exclure suite à son refus d'intégrer sur sa liste certains de ses "militants" peu recommandables. Quant au débat politique, elle le juge très souvent au ras des paquerettes ou des crottes de chiens qui, comme chacun le sait, sont légion sur le bitume parisien.Véronique Vasseur.jpg

    Après son élection comme conseiller de Paris en mars 2008, elle envoie sa lettre de démission en expliquant qu'elle "ne se retrouve pas dans le spectacle pitoyable des bagarres dissidentes, des ego contrariés, du contexte national difficile, des alliances contre nature qui ont pollué et dénaturé le débat démocratique devenu inaudible". Dans son épilogue, elle n'en reste à son amertume d'avoir eu le sentiment de perdre son temps, et tire des enseignements qui, à mon avis, intéressent de près ou de loin tous les partis:

    1/ "Les campagnes électorales à l'ancienne deviennent dépassées". Les tracts finissent le plus souvent à la poubelle et ne convainquent que ceux qui le sont déjà; les affiches électorales sont déchirées ou lacérées. "A mon sens, la profession de foi, des affiches sur le spanneaux officiels et de grands débats contradictoires entre concurrents sur des sujets précis suffisent amplement à un processus démocratique serein."

    2/ "Les esprits indépendants et libres, on n'en veut pas". Elle avait trouvé comme slogan de campagne: "La vérité, c'est mon combat" que Toubon n'avait pas jugé très politique. Elle montre bien que le monde politique est fermé aux nouvelles personnalités. Deux solutions se présentent alors: soit les nouveaux venus adoptent les us et coutumes et alors leur originalité, leur fraîcheur ne servent plus à grand-chose; soit elles tentent de bousculer, de rester fidèles à elles mêmes et les conflits, les contradictions deviennent vite inextricables. Véronique Vasseur a tiré sa révérence, comme le font régulièrement des milliers de militants, à l'UMP, au PS ou ailleurs, insatisfaits de la qualité des débats, des jeux de pouvoir (pour des enjeux souvent minuscules) et du déphasage avec les attentes de la société.

    Par-delà l'originalité de la situation (une pourfendeuse de l'entassement dans les prisons soutenant un candidat qui veut les remplir), ce livre, percutant, drôle parfois, amer toujours, pose, des questions intéressantes sur les pratiques politiques. Intéresser des citoyens à la vie des partis suppose que ceux-ci changent. Vite et en profondeur.  

     

    Véronique Vasseur, Le panier de crabes - les dessous des campagnes électorales, Flammarion, 258 p., 19 euros.

  • "Une classe politique loin des Français"

    Dans une interview publiée cette semaine notamment dans Le Courrier français, Semeur hebdo, La Haute-Marne libérée et La Liberté de l'Yonne, Laurent Lesage m'interroge sur la rentrée politique des principaux partis.

    L'entretien a été réalisé avant la publication d'un livre révélant les fraude lors du vote en novembre dernier pour le premier secrétaire du PS et avant la polémique autour des propos douteux de Brice Hortefeux.

     

    Est ce que depuis l’université d’été de la Rochelle, le parti socialiste est désormais en ordre de bataille derrière Martine Aubry ?

    C’est effectivement la première fois depuis plusieurs années que l’université d’été de la Rochelle n’est pas dominée par les batailles de courant et les petites phrases. Depuis son élection assez controversée comme Premier secrétaire, Martine Aubry était apparue assez absente. Cette fois, elle a fait preuve d’autorité et a réussi à prendre de vitesse les « éléphants » du parti sur la question du cumul des mandats. Elle a satisfait une demande qui était exprimée par les courants les plus jeunes du parti socialiste, et notamment ceux qui incarnaient la rénovation comme Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. De ce point de vue, le PS semble en meilleure santé. Pour autant, les problèmes de fond ne sont pas réglés d’autant, qu’ils ne sont pour l’heure pas encore mis sur la table.

    Martine Aubry a aussi accepté la demande d’Arnaud Montebourg d’organiser des primaires ouvertes largeMontebourg.jpgment à gauche.

    Elle a accepté des primaires « ouvertes ». Ce n’est pas nouveau, c’était écrit dans sa motion pour le congrès. Par ailleurs, on ignore comment tout cela peut être organisé. Surtout, la plupart des partenaires potentiels ont décliné l’invitation. Les Verts ont décliné l’invitation. Le parti communiste et le parti de gauche ont déclaré que cela ne les intéressait pas. Le Nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot est dans une opposition très forte au parti socialiste, donc absolument pas concerné. On se dirige donc vers une primaire pour désigner le candidat socialiste, avec comme nouveauté, le fait qu’elle soit ouverte aux sympathisants socialistes et non plus aux seuls militants. Cela peut donc permettre à des millions de Français, s’ils s’y intéressent, de participer à ces primaires. C’est un pas en avant certes, mais on est encore très loin de la révolution annoncée par Arnaud Montebourg. D’autre part, cette question des primaires, est vraiment secondaire pour les français dans le contexte actuel…

    Le vrai problème du PS c’est l’absence d’un leader naturel mais aussi et surtout l’absence de projet…

    C’est certain. Si le PS passe son temps à régler ses problèmes de leadership, sans mettre la même énergie pour clarifier ce qu’il entend faire, il arrivera peut-être à trouver un bon candidat, mais avec un projet ultra-faible. Dès lors, la campagne se fera essentiellement sur « l’allure » du candidat et non pas sur le projet. Le PS va ainsi reproduire la campagne de 2007, au cours de laquelle, quelles que soient ses qualités et ses défauts, Ségolène Royal avait du mal à savoir où elle en était, puisque le projet socialiste n’avait pas clarifié les choses. Les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Ainsi, il me semble que cette question des primaires n’est pas la priorité du moment. Par ailleurs, alors que la rentrée est difficile pour beaucoup de Français, le PS fait preuve de nombrilisme, en se focalisant sur le mode de désignation de son candidat dans deux ans.
    Peillon.jpg

    Depuis plusieurs semaines, une sorte d’alliance à trois semble se dessiner entre le PS, les Verts et le MoDem… Cet axe, mis sur orbite cet été par Vincent Peillon, peut-il avoir du sens ?

    On peut ajouter Robert Hue, qui incarne une tendance contestataire au sein du parti communiste, que Vincent Peillon a invité lors de son rassemblement estival. Visiblement, Vincent Peillon mise sur une stratégie de large rassemblement au premier ou au second tour de la prochaine présidentielle, mais c’est une alliance compliquée a mettre en œuvre.

    Est ce que cela peut profiter au MoDem de François Bayrou ?

    François Bayrou a trouvé une position médiane risquée, mais c’est probablement la seule possible en ce qui le concerne. Il ne peut pas aller sur une position de fermeture de toute discussion avec la gauche, sinon Sarkozy aurait déjà quasiment gagné la prochaine élection présidentielle. Il s’agit en fait d’obtenir un bon report au second tour de la présidentielle du modem vers la gauche ou de la gauche vers le modem. Par réalisme, il n’a ainsi pas fermé la porte à un rapprochement. Mais, dans le même temps, il ne souhaite en aucun cas refaire le « programme commun » de la gauche, puisque le MoDem ne se définit pas à gauche, mais au centre. François Bayrou a seulement proposé l’ouverture de discussions pour recentrer le débat sur le fond, sur l’économie, la protection sociale, les retraites, ou l’immigration, afin de voir quels sont les points de convergence et de divergence. Bien sûr, on sait d’avance qu’il y aura des divergences, mais l’intérêt de la démarche de François Bayrou, c’est qu’il remet les idées au centre des débats.

    Pendant ce temps, l’UMP séduit les écologistes avec la taxe carbone…

    Du point de vue de la stratégie, l’UMP se frotte les mains. Il y a une rupture sur cette question entre les écologistes qui sont favorables à la taxe carbone et le reste de la gauche, qui refuse la taxe dans sa formule actuelle. Sur le fond, c’est un peu plus compliqué. L’UMP était jusque-là le parti le moins sensible à la question écologique. On l’a vu dans la campagne présidentielle. Il a fallu que Nicolas Hulot fasse le forcing pour que Sarkozy s’intéresse à ces questions. A l’assemblée, au sein du groupe UMP, il y a aussi beaucoup de réticences. D’autant que de nombreuses questions sont en suspens. A quoi va servir la taxe carbone ? On attend encore les réponses.

    Duflot.jpgDepuis leur succès aux Européennes, les Verts sont toujours euphoriques…

    Ils étaient les champions de la cacophonie et de la division. Depuis les Européennes et le très bon score réalisé par Europe écologie, ils donnent presque des leçons de rassemblement. Pour autant, cette campagne leur a permis de franchir un palier : la prise de conscience écologique des Français est nettement plus élevée. Il n’y a pas que la faiblesse du parti socialiste qui explique le bon score des Verts.

    Cécile Duflot pour les Verts et Corinne Lepage pour le MoDem disent que la taxe carbone à 14 euros (1), ce n’est pas suffisant…

    Elles sont cohérentes. Elles disent que pour qu’il y ait des changements de comportements, il faut qu’il y ait une vraie taxation dissuasive. Il faudrait aussi pour que cette taxe ait un sens, qu’il y ait une vraie politique de transports en commun dans le pays. En période de difficultés économiques, ce n’est certes pas évident pour le pouvoir d’imposer une taxe qui va peser lourd dans le portefeuille des ménages. Mais sur le plan de la pédagogie, et si on veut vraiment aller au bout des objectifs écologiques que l’on brandit, il faut une taxe qui ne joue pas que sur quelques centimes…

    Qui a donc marqué des points pendant l’été?

    Je vais être assez radical : personne… Avec toutes ces universités d’été, la classe politique a montré une nouvelle fois combien elle est décrochée des préoccupations des Français. Les universités d’été ont permis de remettre en selle Martine Aubry ou à François Bayrou de sortir de son silence, mais n’ont rien apporté sur le fond. Les politiques sont davantage dominées par des logiques de communication et de jeux internes à leur parti, que par le souci de s’adresser aux Français. Quand le PS se prononce sur les primaires et le cumul des mandats, c’est peut-être d’une certaine manière, un succès pour Martine Aubry, mais c’est perçu avec un très grand détachement par la majorité des Français. Cela favorise la dépolitisation et profite à Nicolas Sarkozy, qui est dans une autre manière de faire de la politique. Il gouverne en fonction de l’opinion, au risque de se contredire. On l’a vu au moment de la crise, puisqu’il voulait un système à l’américaine avec les « subprimes » et il a fait marche arrière. Sarkozy accumule les effets d’annonce, sans proposer une vision très claire de la société. Il essaie de régler les problèmes les uns après les autres, ce qui fait que ses opposants l’attaquent sur sa communication. Pour l’instant, ils tombent dans son piège…

     

    Propos recueillis par Laurent Lesage

    (1) L'entretien a été réalisé avant la fixation à 17 euros par Nicolas Sarkozy du montant de la tonne carbone

  • Européennes: quand ça veut pas...

    UMP.jpgEvènement juste avant le long pont du 8 mai et 48 heures avant le meeting commun Merkel-Sarkozy. Le principal parti français, l'UMP, a communiqué la composition de ses listes pour les élections européennes de début juin. Le parti de notre hyper-Président n'est pas tout à fait seul puisqu'il est associé à trois « partis frères »: le Nouveau centre (vous savez, ceux qui ont quitté le navire Bayrou pour aller à la soupe gouvernementale), la Gauche moderne (l'oeuvre de Jean-Marie Bockel, ministre débarqué de la Coopération transféré aux Anciens combattants – le « moderne » associé aux « Anciens combattants », il fallait y penser...) et les Progressistes (patronnés par l'expulseur-en-chef, notre ami Eric Besson).

    Evènement, écrivais-je, car toutes les autres formations politiques, y compris les allumés-anti-sionistes-cache-sexe-de-l'antisémitisme conduits par « l'humoriste » Dieudonné, avaient déjà communiqué, souvent depuis plusieurs semaines, la composition de leurs listes. Alors pourquoi cela a tant traîné dans le parti hyper-présidentiel? Serait-il mal organisé? Serait-ce parce que les partenaires s'affrontaient durement sur le type d'Europe à proposer aux Français? Se disputaient-ils pour savoir s'il fallait maintenir à son poste de patron de la Commission le sémillant Barroso? Non, vous n'y êtes pas, les choses sont beaucoup plus sérieuses. Le retard impressionnant pris pour publier la composition des listes « Quand l'Europe veut, l'Europe peut » (c'est leur nom) était lié aux interminables arbitrages entre le géant UMP et les groupuscules majorité présidentielle et surtout avec l'Elysée qui, comme d'hab', voulait tout contrôler. Le « pôvre » Jean-Claude Gaudin, qui présidait cette interminable commission d'investiture, s'est arraché ses derniers cheveux, avant d'aboutir à ce résultat.

    Certes, l'identité des deux premiers candidats des listes présentées dans les sept grandes circonscriptions était connue depuis fin janvier. Avec par exemple, le duo de choc francilien Barnier-Dati... En gros, la bagarre portait sur le nom du troisième, voire du quatrième, de la liste, tous deux en bonne position pour être envoyé au Parlement européen. Avec la parité, les choses sont simples, du moins apparemment : si les deux premiers sont un homme puis une femme, un homme sera au 3e rang et une femme au 4e (et inversement si une femme conduit la liste, ce qui ne se produit que pour deux des sept circonscriptions dans le Sud-Est et en Outre-Mer).

    Des hommes qui se piquent d'Europe dans la majorité présidentielle, cela ne manque pas. Les bagarres ont été féroces pour la troisième place stratégique, chacun des ténors poussant son protégé. Après, allez savoir sur quels critères ont été choisi tel(le) ou tel(le) pour la troisième place ? Pourquoi « Arnaud Danjean (Saône-et-Loire) » (il est présenté ainsi, sans autre titre, dans le communiqué de presse) se retrouve troisième sur la liste Grand-Est alors que « Benjamin Delevey (Marne), conseiller municipal de Reims » est cinquième, donc non éligible? Le sieur Danjean est-il plus méritant, connaît-il mieux les rouages européens que le sieur Delevey? Serait-ce parce que la région du premier (la Bourgogne) pèse électoralement plus que celle du second (Champagne-Ardennes)? Mystères et boule de gomme.

    Mystère également que la présence en quatrième rang en Ile-de-France - une place éligible si l'UMP fait un score honorable - de Marielle Gallo, proposée par Gauche moderne, le groupuscule de Bockel (vous savez celui que Sarko a envoyé en pénitence aux Anciens combattants après avoir été un peu trop combattant sur la Françafrique). Mme Gallo est la femme de M. Gallo (jusque-là tout est normal), l'un des romanciers les plus prolixe sur la place de Paris, ex-mitterrandiste, ex-chevènementiste, toujours sarkozyste. On aimerait savoir si celle qui figure sur la liste conduite par le très europhile Michel Barnier partage les convictions très eurosceptiques de son mari (à moins qu'il ait changé d'avis depuis). Evidemment, on se gardera bien de faire un rapprochement entre le ralliement de monsieur au panache de notre petit Bonaparte et la bonne place accordée à madame. Ce ne serait qu'insinuations gratuites...

    On évitera également de se demander pourquoi le sortant reconnu pour sa compétence, Alain Lamassoure, se retrouve troisième dans la région Sud-Ouest – à une place très incertaine – alors que Dominique Baudis, ex-présentateur de JT, ex-député-maire de Toulouse, ex-président du CSA, actuel président de l'Institut du monde arabe, est tête de liste? Le premier serait-il trop compétent, pas assez « glamour », pas assez soutenu par le Château (l'Elysée)? Le second s'est-il découvert une passion soudaine pour la construction européenne ou rêve-t-il d'un retour sur la scène politique française? On se perd en conjectures et on se dit qu'à tout bien peser, les voies du Seigneur sont moins impénétrables que celles de « Quand l'Europe veut, l'Europe peut ».

    PS: La composition des listes ayant donné lieu à d'autres curiosités sur l'autre rive, côté socialistes, nous y reviendrons dans un prochain post.