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10 mai - Page 10

  • La guerre entre ivresse et responsabilités

    Ainsi donc, François Hollande aura connu, au bout de huit mois l'épreuve du feu. Se sentant obligé d'accélérer les manoeuvres après la soudaine attaque de rebelles du nord du Mali vers le sud, il a engagé une partie des forces militaires françaises stationnées en guerre au Mali, TouaregsAfrique sur ce terrain sahélien. Il est bien trop tôt pour faire des pronostics sur la réussite de l'opération et les délais nécessaires au repli des forces djihadistes. Le risque d'enlisement, souvent souligné, laisse à penser qu'il pourrait y avoir une guerre de positions. Or, le scénario pourrait être différent avec une stratégie de guérilla, terrorisant les populations, harcelant les forces armées. Et là, il ne s'agirait pas d'une guerre au Mali, mais au Sahel, incluant la Mauritanie, le Niger (hautement stratégique pour notre approvisionnement en uranium) voire l'Algérie. Tout en contrôlant l'essentiel des zones stratégiques, la France serait à la merci d'attaques incessantes. Le retour à la paix ne serait pas pour de si tôt.

    Le cocasse - si on peut dire - dans cette affaire, c'est qu'elle intervient juste après le retrait des forces françaises d'Aghanistan, en vertu d'une promesse faite lors de la campagne électorale. Les deux contextes géopolitiques ne sont absolument pas comparables et on peut, à juste titre, prétendre qu'une déstabilisation du nord de l'Afrique aurait de lourdes conséquences pour la France (aussi bien en risques terroristes que pression migratoire liée à la destruction d'économies déjà faibles) alors que l'Afghanistan était, de ce point de vue, moins stratégique. Pour autant, la question des buts de guerre se pose dans les deux cas : à partir de quand considérera-t-on que la mission est accomplie? Comment consolider un pouvoir civil qui semble d'une fragilité totale au Mali comme chez nombre de ses voisins? Quel règlement pour la question touarègue qu'il n'est pas possible, sous peine de grave déconvenue, d'assimiler aux logiques de mort déployées par les djihadistes (ce qui ne veut pas dire que certains Touaregs ne sont pas liés à Al-Qaida)? Autant de questions qui se posent (sans oublier l'enjeu de la "transparence" de l'information pour l'instant problématique) et pour lesquelles les réponses des autorités françaises sont attendues.

    Depuis ce week-end où la France est entrée en guerre, les commentaires sont allés bon train sur le changement de stature de François Hollande. Il serait métamorphosé, aurait acquis une gravité qui serait la marque d'un Président de la République. Le propos, même s'il est en partie fondé, mérite d'être discuté. Il renvoie à une mystique française qui assimile le pouvoir politique à la capacité de "faire la guerre". Alors que celle-ci a disparu de notre univers proche (à la différence des générations antérieures), alors que la moindre mort de soldat devient un drame national et que nous passons notre temps à nous protéger de tous les périls (maintenant alimentaire), notre inconscient collectif considère que c'est la guerre qui construit l'étoffe d'un chef d'Etat. Sans doute avons-nous en tête l'image du général de Gaulle. Mais dans la béatification qui est faite du chef de la "France libre", on retient essentiellement ses faits de guerre (le résistant de Londres), passant souvent sous silence sa lucidité d'avant-guerre et sa contestation des thèses militaires officielles qui ont abouti au désastre de mai-juin 1940. Le combattant, finalement, est préféré au visionnaire.

    Peut-on faire un saut de 70 ans pour réfléchir à la situation française de 2013 ? Le pouvoir actuel, comme tous ses prédécesseurs, peut être tenté de jouer et de sur-jouer sur le sentiment d'unité nationale. François Hollande peut-il résister à la tentation de rouler des mécaniques et de tout ramener à la lutte contre le terrorisme (qui ne permet pas de comprendre la complexité de la situation malienne) ? Peut-il se dégager de l'ivresse de la guerre, de ce sentiment exaltant de puissance pour garder la lucidité nécessaire à l'examen froid de la situation ? Encore une fois, la sécurisation de la région (qui ne va pas être une partie de plaisir) ne suffira pas à elle seule à dégager un avenir pour celle-ci.

    Les questions de construction d'un pouvoir civil solide et légitime, la définition d'un modèle de développement adapté aux réalités de cette région supposent, pour être résolues, d'évoluer dans un climat de paix, mais aussi de voir certaines réalités en face. Car si les djihadistes se sont installées dans cette région, c'est parce qu'elle est traversée par des conflits (notamment autour du statut des Touaregs) qui n'ont fait que pourir. Le grand frère français ne pouvait sans doute se défiler alors que les djihadistes menaçaient de s'installer dans les villes du Sud ; il devra également prendre ses responsabilités quand le temps de la reconstruction sera venu. Voilà pourquoi le Président Hollande serait bien inspiré de dire que notre présence au Mali, militaire comme civile, durera davantage que quelques mois.   

  • Quand le sarkozysme se décompose...

    Devant le spectacle tantôt pathétique, tantôt grotesque, offert par l'UMP depuis une quinzaine de jours, certains observateurs peu inspirés ont cru y voir l'occasion pour Nicolas Jean-François Copé, françois fillonSarkozy de refaire surface et de se préparer dans l'optique de la revanche de 2017. Ce genre de conclusion (dont on peut tout de même percevoir une résonance avec une nostalgie qui a saisi le petit monde de la politique depuis le départ de l'ancien Président) me semble en décalage total avec la réalité des faits. L'affrontement fratricide dans lequel évolue le principal (?) parti d'opposition est plutôt le signe d'un état de décomposition très avancé de l'héritage sarkozyste. On a même le sentiment que la rapidité et la brutalité des événements qui ont conduit à l'éclatement (difficilement réversible) de l'UMP sont à la mesure de l'empressement qu'avait eu Nicolas Sarkozy à prendre le contrôle de la droite.

    Il faut bien faire dresser le bilan politique du sarkozysme. Et il n'est pas glorieux ! En cinq années, la droite a perdu de nombreux départements, des villes grandes et moyennes et surtout un Sénat jugé imprenable voici peu. Il a crédibilisé les thèses d'une extrême droite en faisant apparaître la fille Le Pen comme finalement présentable. Le FN qu'il avait Jean-François Copé, françois fillonsérieusement esquinté en 2007 grâce à une campagne audacieuse a repris du poil de la bête. La frontière, quasi étanche, que Jacques Chirac avait réussi à établir entre la droite républicaine et celle qu'on est obligé d'appeler extrême s'est complètement effrité.

    Cela n'effraie plus bon nombre d'électeurs UMP de reporter leurs voix, au second tour, sur un candidat frontiste. Ce qui explique pourquoi de nombreux seconds tours FN/gauche lors des législatives de juin ont donné lieu à un résultat du type 45/55 voire 52/48. Auparavant, un frontiste ne dépassait que rarement la barre des 40% lorsqu'il devait affronter un candidat de gauche au second tour. Sauf à être dans une exaltation quasi pathétique de "Nicolas", il est tout de même difficile de ne pas considérer que cette situation a quelque chose à voir avec la façon dont l'ancien Président a joué avec quelques allumettes au prix d'un piétinement assez méthodique de ce qu'il restait de l'héritage gaulliste. 

    Pourquoi en est-on arrivé à cette situation explosive à la tête de l'UMP ? Bien entendu, on peut simplement stigmatiser la guerre des chefs, le choc des egos et tutti quanti. Pour ceux qui seraient nés en politique voici peu, rappellons les épisodes assez virils entre Chaban et Chirac (1974), entre VGE et toujours Chirac (de 1976 à... aujourd'hui), entre Balladur et encore Chirac (1993-1995), sans oublier, même si c'était finalement assez exotiques, les bisbilles entre Sarkozy et Villepin. Donc, rien de neuf sous le soleil, sauf que cette fois-ci, les conséquences sont lourdes.

    Deux raisons majeures expliquent, selon moi, la gravité des conséquences de cette crise. D'une part, l'absence de culture démocratique, le refus de vivre des désaccords. On l'a oublié, mais la création de l'UMP, en 2002, a démarré sur un mensonge. Pour rassembler toute la famille éclatée allant du centre-droit ) la droite dure, promis-juré, l'UMP allait faire vivre le débat entre les sensibilités différentes (on ne parlait pas de courant pour ne surtout pas ressembler au PS). Cela n'a jamais existé à l'UMP car le chef Sarkozy n'en voulait pas. Pas question de se "faire emmerder" avec la perte de temps et d'énergie que représente le débat d'idée ; la démocratie, c'est bon pour les discours, pas pour prendre le pouvoir.

    Mais voilà que le chef perd le pouvoir... Rien n'a été prévu pour faire vivre ce moment d'hésitation, de maturation démocratique. On a à la tête du parti un mini-Sarko (le talent en moins) qui est prêt à tout pour garder le pouvoir. Il ne lâche même pas l'appareil le temps de la campagne interne, l'utilisant de façon éhontée à son seul avantage. Son rival, qui a envie d'exister par lui-même pour faire oublier sa vassalisation pendant cinq ans, ne s'intéresse même pas aux questions statutaires pourtant déterminantes dans toute phase électorale. Et il a suffi d'un scrutin très serré pour que le chateau de carte d'une organisation bricolée et caporalisée s'effondre en 48 heures. Surtout qu'une partie des adhérents à cheval sur les principes moraux n'a pas l'intention de se faire "voler" l'élection... 

    L'autre raison qui n'a peut-être pas été assez développée, tient à la libération de la violence en politique qu'a permis voire encouragé Nicolas Sarkozy. Entre les "casse-toi, pauv'con !", la banalisation de l'humiliation (de François Fillon à Patrick Devedjian en passant par Jean-Louis Borloo) et cette façon de faire en permanence la leçon à nos partenaires étrangers, l'ancien Président a trop souvent confondu authenticité et vulgarité, refus du "politiquement correct" et celui de la courtoisie toute républicaine. Il a installé dans le pays l'idée selon laquelle il fallait être malin, roublard voire menteur pour garder le pouvoir et en jouir. Passant sans arrêt d'une idée à l'autre, d'une priorité à l'autre, d'un fait divers à un autre, affichant jusqu'à l'impudeur les affres personnels de tout homme, fût-il président français, il a, avec un talent qu'on ne lui contestera pas, donné le tournis à tout le monde.

    Un certain noJean-François Copé, françois fillonmbre de repères ou de bornes, par exemple la capacité de la négociation en coulisses (qui aurait bien utile pendant les 48 heures suivant le scrutin de l'UMP) ou celui du compromis ont complètement volé en éclat. A cet égard, Jean-François Copé aura été le meilleur élève de cette école du cynisme en politique qui aboutit à ce résultat complètement fou : le jouet de Sarkozy, l'UMP, n'aura pas résisté à la chute de ce dernier !

     

  • Quand la presse déraille...

    Difficile d'être journaliste aujourd'hui ! A quoi servons-nous ? Combien serons-nous dans dix ans ? Ces questions taraudent (ou devraient tarauder) la profession, d'autant que les mauvaises nouvelles s'accumulent. Libération aura du mal, sans nouveaux investisseurs, à passer l'hiver; Sud-Ouest annonce un plan de licenciement. La presse dite militante est en mauvaise posture : L'Humanité est maintenue artificiellement en vie ; Témoignage chrétien (auquel j'ai collaboré plus de 15 ans) a interrompu son hebdo papier avec l'espoir de redémarrer sous une autre forme.

    Certains incriminent, à juste titre, le rôle néfaste du Livre CGT qui bloque toutes les évolutions. D'autres s'interrogent, non sans raison, sur des directions d'entreprises défaillantes, sans vision stratégique, qui n'anticipent pas les évolutions et ont encouragé la voie mortifère des journaux gratuits. Mais peu (corporatisme oblige) remettent en cause une façon de faire du journalisme. Je ne vais pas m'arrêter sur la partie immergée de l'iceberg, les Une putassières de L'Express et du Point qui, à force de banalisation de l'islamophobie tracent un boulevard pour Marine Le Pen...

    Non, ce qui est intéressant, c'est le traitement de l'information, la hiérarchie de l'info. Revenons sur deux événements de la semaine écoulée : la conférence de presse de François Hollande ; la grève de la faim du maire de Sevran. Dans le premier cas, la prestation du Président a été analysée en long et en large (jusqu'à sa cravate) et tout le monde a convenu qu'elle avait été bonne. Cela nous fait une belle jambe, serait-on tenté de répondre!

    Car qu'est ce qui est important pour juger une politique? De savoir si les responsables savent argumenter, répondre aux attaques de l'opposition ou s'ils proposent une stratégie cohérente et en mesure de dompter les maux de la société? Si c'est le premier point de vue qui l'emporte, alors oui, François Hollande a réussi sa prestation. Il confirme que c'est un grand pro, calme et rusé, de la politique, sans doute l'un des meilleurs.

    S'il s'agit de mesurer la cohérence d'une politique, on doit être forcément dubitatif et c'est le rôle de la presse de l'être. Et là, ce n'est pas une question de style (comme Libé, toujours aussi peu inspiré, l'a relevé), mais d'analyse des politiques. Comment peut-on à la fois en appeler aux coupes budgétaires (10 milliards d'euros doivent être dénicher) et trouver justifiés divers besoins sociaux qui s'expriment, et qui vont être mis sur la table lors de la conférence sur la pauvreté en décembre? Comment continuer à parler d'un déficit ramené à 3% du PIB alors que la croissance risque de ne pas être durablement au rendez-vous? Comment ne pas s'interroger sur les limites du choc de compétitivité qui pourrait diminuer de 3% le coût global des produits (pour le grand défi de reconquête des exportations)? On pourrait aligner des dizaines de questions que des médias devraient poser chacun avec sa sensibilité. Dans les faits, elles ne sont qu'effleurées, et toujours mises au second plan par rapport au style, à la forme. Nombre de journalistes politiques sont devenus des critiques de spectacle politique. Est-ce ce qu'on attend de la presse?

    Second exemple : la grève de la faim menée pendant cinq jours par Stéphane Gatignon. Si on enlève les commentaires grotesques d'un Barbier (disant qu'un politique n'avait pas à utiliser cette arme... et pourquoi donc), l'essentiel du traitement journalistique a tourné autour des visites qu'il a reçues (Valls, Duflot, etc.) et des pressions qu'il aurait subies pour cesser de ne plus s'alimenter. Est-ce l'essentiel? Ne fallait-il pas profiter de cette action d'éclat un peu désespérée de ces villes pauvres touchées par la double peine (la crise des finances publiques et la crise sociale)? Mais non, la presse globalement ne s'est pas risquée à aller dans le fin fond de la Seine-Saint-Denis pour se plonger dans le quotidien de cette population durement touchée par le chômage, les difficultés de logement etd e transport, la violence, la drogue...

    Si la presse ne répond plus aux questions que la grande masse de la population se pose (et celle-ci n'est pas réductible au petit cercle des éditorialistes ou des utilisateurs des réseaux sociaux), si elle est dans la connivence ou, du moins, dans l'entre-soi avec les élites, il ne faudra pas s'étonner qu'elle batte de plus en plus de l'aile. Il faut se poser très vite quelques questions essentielles avant de verser des larmes de crocodile...  

      

  • Gouvernement : pourquoi ça patine (sec)

    Semaine après semaine, les cotes de confiance des deux têtes de l'exécutif continuent à s'effriter, atteignant des niveaux préoccupants (un tiers d'opinion favorable), seulement 6 mois après le début du quinquennat. Certes, me dira-t-on, on ne gouverne pas les yeux rivés sur les sondages, mais ces chiffres traduisent tout de même une réalité : la nouvelle équipe n'a pas réussi à susciter l'adhésion.

    Les commentateurs ont tendance à attribuer cette dégringolade à une erreur de casting : le choix de JeanJM Ayrault.jpg-Marc Ayrault comme Premier ministre. Certes, d'autres nomminations étaient posssibles conciliant l'expérience et le charisme, toutes qualités que n'a manifestement pas l'ancien maire de Nantes. Différents "couacs", ces dernières semaines, ont peut-être fait regretter à François Hollande son choix. Mais là, finalement, n'est pas le problème essentiel, même si les éditorialistes (souvent un peu courts dans leurs analyses) ont trouvé un nouveau punching-ball qu'ils ne vont pas ménager.

    Serait-ce alors que le nouveau pouvoir ne respecte pas ces engagements pris devant le pays ? Il est un peu prématuré pour dresser un bilan, mais les premiers pas ont plutôt montré qu'il y avait une volonté d'appliquer la feuille de route donnée par Hollande. Certes, on note des prudences qui pourraient devenir coupables sur la réforme fiscale ou le droit de vote des étrangers, par exemple, mais il n'y a eu aucun reniement majeur jusqu'ici.

    Alors qu'est ce qui pose problème pour mettre la nouvelle majorité dans cette situation très inconfortable? Deux éléments majeurs peuvent être cités. D'une part, il y a la sihollande.jpgtuation économique et sociale. Incontestablement, le candidat Hollande n'avait pas pris la mesure de la gravité de celle-ci. L'a-t-il fait délibérement? Difficile à dire. C'est vrai qu'il n'était pas aux manettes et que dès lors, diverses informations lui échappaient (sans oublier que l'ancien pouvoir a tenté d'adoucir la situation, par exemple en retardant l'annonce de divers plans sociaux). Pour autant, quand on sait le nombre de ses conseillers, officiels ou officieux, placés à des postes importants dans l'appareil d'Etat, on a du mal à croire à cette version des faits.

    Comme d'habitude, serait-on tenté de dire, on a construit des programmes sur des hypothèses de croissance ultra-optimistes; on a fait croire qu'il était possible de marier justice sociale (redistribution) et respect des critères irréalistes de l'Europe. Qui peut penser que la France pourra tenir l'engagement d'un déficit public ramené à 3% du PIB? Ce serait nous entraîner sur une pente espagnole ou grecque, désastreuse socialement et suicidaire politiquement. On n'atteindra pas cet objectif (comme d'autres pays européens d'ailleurs), mais on fera croire à notre allié allemand qu'on y arrivera coûte que coûte.

    Deuxième élément qui peut être noté - et qui découle du premier : l'impossibilité à dégager des marges de manoeuvre pour les politiques. Etre ministre aujourd'hui, c'est d'abord être pompier, être en capacité d'éteindre rapidement les débuts de feu qui s'allument ici ou là. Ca cartonne à Marseille ou en Corse, on envoie le ministre de l'Intérieur faire de martiales déclarations (qui ne changent rien à la situation d'extrême violence) ; ça licencie dans de grandes entreprises, le ministre du Redressement productif (quel intitulé déplacé au vu de la situation actuelle !) se démène comme un beau diable pour réduire la facture...

    Le politique est devenu un spectateur, certes impliqué et volontaire, de la marche du monde. Et comme ses marges de manoeuvre sont devenues très faibles, il doit faire des efforts démesurés pour s'attirer les bonnes grâces de tel ou tel acteur économique, le prier de coopérer ou du moins de ne pas mettre des bâtons dans les les roues. Pas étonnant dès lors d'assister au spectacle d'un pouvoir faire des risettes à Madame Parisot, calmer les ardeurs de Monsieur Thibault et négocier en coulisses avec les grandes banques pour qu'elles desserrent l'étau du crédit (quitte à retarder la réforme bancaire promise qui semble urgente pour freiner les dérives spéculatives).

    Ce que n'a pas réussi à faire (jusque-là) le président de la République, c'est d'expliquer la route qu'il va emprunter pour faire progresser le pays dans le sens de la justice et de la réduction des inégalités sans dévisser du cadre européen. Cela suppose un peu de rentrer dans le vif des désaccords, de ne pas faire toujours plaisir à Madame Merkel. A ceux qui nous disent que nous n'avons pas les moyens d'un conflit avec l'Allemagne, répondons-leur que l'espace euro ne peut pas se passer de la seconde économie européenne. Donc, il faut arrêter de se faire peur et exposer tranquillement une voie possible. C'est un peu plus compliqué que de trouver un successeur "gentil" à la tête du PS, mais c'est essentiel pour ne pas désespérer totalement de la politique.

    Les électeurs de Hollande n'attendent pas simplement des "résultats" (ils savent très bien que le politique ne peut tout), mais aussi une volonté d'affronter les obstacles dans une marisol touraine.jpgdémarche de vérité (dire les choses, ne pas les "arranger) qui fait si souvent défaut au politique. Par exemple, au lieu de crier victoire suite à la signature laborieuse de l'accord sur les dépassements d'honoraires - qui ne va rien régler -, Madame Touraine eût été plus inspirée de dire qu'il faudra reprendre le chantier par la voie politique, quitte à ne pas faire plaisir à tous les acteurs de ce dossier. Quand l'intérêt général n'est pas pris en compte, comme dans cet accord, le politique doit reprendre la main pour le faire valoir.